De Emerald Fennell
L'étudiant Oliver Quick, qui peine à trouver sa place à l'université d'Oxford, se retrouve entraîné dans le monde du charmant et aristocratique Felix Catton, qui l'invite à Saltburn, le vaste domaine de sa famille excentrique, pour un été qu'il n'oubliera pas de sitôt.
Curieux film que ce second long métrage de la réalisatrice du remarqué Promising young woman.
Sur fond de critique du différentiel social entre ultra riches et les autres dans notre monde actuel, Emerald Fennell livre une satire parfois jouissive et parfois un peu creuse et attendue. Surtout, l'image qu'elle donne d'une bourgeoisie ultra fortunée semble assez irréaliste, les gros châteaux du style de Saltburn appartenant rarement à une simple famille bourgeoise. Il aurait été intéressant de voir d'où venait la fortune du patriarche car le film est peu crédible à ce niveau là. Les personnages sont donc à baffer comme attendu, notamment cette mère désabusée et cynique jouée par Rosamund Pike. Sous des airs de bienveillance pour les autres et d'aide à ces derniers, la petite famille est terriblement seule et cherche surtout à se distraire en s’intéressant à d'autres individus dans le besoin, les jetant ensuite tels des jouets cassés lorsqu'ils sont moins intéressants.
C'est comment dire...caricatural. Le film aurait pu fonctionner si il avait été totalement perché et assumait ses gros traits avec un délire adéquat irréaliste. Certes il y a plusieurs scènes qui choquent mais qui hélas sont faites pour cela, du cunnilingus dégueu à la fameuse scène de la baignoire. Le tout est donc trop factice et scénarisé pour choquer le chaland sans vraiment de fond.
Le doute vient du fait que les images sont léchées et la mise en scène plutôt réussie et surtout que les deux acteurs principaux sont excellents.
Barry Keoghan et sa tête franchement bizarre effraie toujours autant par son aspect énigmatique et sa partition entre l’incrédulité d'un jeune homme en admiration devant un autre jeune homme beau intelligent et riche et d'autre part une perversion qu'on sent poindre et une folie dont on ne sait si elle est latente ou si elle flatte juste nos a priori.
La vraie révélation reste cependant Jacob Elordi, seul personnage "normal" du film, qui au delà de son physique, dégage quelquechose, du chien, un petit truc en plus où on reconnait un énorme potentiel de star. Robert Pattinson a peut-être trouvé son successeur de 10 ans de moins, en moins tête à claque qu'à ses début. Elordi a été découvert dans la série Euphoria de HBO, que je n'ai pas vue mais qui a défrayé la chronique. On le verra tout début janvier 2024 en Elvis Presley dans le Priscilla de Sofia Coppola. Il choisit pour l'instant des auteurs puisque qu'il partagera l'affiche de Oh, Canada de Paul Schrader avec Richard Gere. Classe.
Pour revenir à Saltburn, disons que le film provoque autant d'attrait que de malaise et laisse sur un entre deux.
La piste aux Lapins :
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