De Christopher Nolan
Christopher Nolan est aujourd’hui un réalisateur reconnu déplaçant les spectateurs sur son seul nom et montant ses projets avec facilité, sur des thèmes pas toujours évidents à la base. Son dernier film, Tenet, atteignait les limites de son style fait de contorsions avec le temps et de trop plein d’idées dans son scénario. C’était son premier faux pas tant le film était inutilement complexe et incompréhensible.
Avec Oppenheimer, il ne sacrifie pas un autre de ses défauts, le manque de concision, avec une durée de 3h01. C’est bien simple, au bout de deux heures un second film commence. Il faut donc s’accrocher pour mériter l’appréciation de l’ensemble.
Car soyons clairs, Oppenheimer est une grande réussite. Cylian Murphy obtient enfin un premier rôle chez Nolan et incarne ce scientifique au caractère complexe et sonde tant ses doutes moraux que ses convictions politiques portées à gauche. Le fait d’avoir suivi la chasse aux sorcières dont il a été victime avec un Robert Downey Junior impérial en supérieur calculateur, est vraiment la bonne idée du film.
Car en effet, toute la première partie sur la création de la mission et de la bombe atomique est extrêmement réussie, tendue, traversée d’un casting cinq étoiles de Matt Damon à Florence Pugh, Emily Blunt, Alden Ehrenreich, Casey Affleck, Kenneth Brannagh, Jason Clarke, Rami Malek, Josh Hartnett.
Mais la seconde partie, moins tournée dans l’action, m’a semblée passionnante en décrivant cette Amérique parano prête à brûler ses idôles sur l’hôtel du Maccarthysme pour donner deux trous exemples expiatoires.
Le côté historique et intimiste de ce biopic à quelquechose de fascinant dans sa mise en abîme, d’autant que le personnage n’est pas présenté comme un type irréprochable. La fission nucléaire accompagne celle d’un homme partagé entre l’éthique du progrès, la volonté d’interrompre la guerre, la crainte d’anéantir l’humanité et la culpabilité d’avoir exterminé plus de 200 000 japonais.
Le film puise sa puissance dans son esthétique, sa mise en scène toujours aussi labyrinthique avec des scènes se faisant écho et cette thématique forcément plus grande que l’individu qu’elle raconte.
La piste aux lapins :
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