Une bataille après l'autre
- Blanc Lapin
- 28 sept.
- 3 min de lecture
De Paul Thomas Anderson

Ancien révolutionnaire désabusé et paranoïaque, Bob vit en marge de la société, avec sa fille Willa, indépendante et pleine de ressources. Quand son ennemi juré refait surface après 16 ans et que Willa disparaît, Bob remue ciel et terre pour la retrouver, affrontant pour la première fois les conséquences de son passé…
Paul Thomas Anderson est l'un des plus grands réalisateurs au monde avec Licorice Pizza, Boogie Nights, Magnolia, There will be blood ou The Master.
On pouvait craindre que la réunion de ce dernier avec trois acteurs cultes que sont Leonardo DiCaprio, Sean Penn et Benicio del Toro, finisse en eau de boudin.
Sauf que si on met à part le budget colossal de 150 M$ pour un film d'auteur certes très fun et grand public et qui ne sera jamais rentable, on peut dire sans retenue que "Une bataille après l'autre" est son meilleur film et donc un énorme chef d’œuvre, une énorme claque à laquelle je ne m'attendais pas. Pourtant les deux agrégateurs critiques mondiaux sont à 97%, un score stratosphérique et la presse est dithyrambique.
Et je n'ai pas été déçu car en effet c'est LE film miraculeux dont tous ceux qui souffrent de l'Amérique fascisante de Trump avaient besoin. Ce qui est dingue c'est que le film a été tourné avant la réélection de Trump et ses délires d'extrême droite sur les sans papiers traités comme des bêtes par des militaires. Or c'est la première scène justement avec Léonardo Di Caprio en militant armé terroriste luttant pour libérer les personnes incarcérées dans des cages. La scène est à la fois jouissive car elle fait un bien fou dans le monde actuel où la violence est du côté de cette extrême droite qui semble ne pas pouvoir être stoppée et sans aucune réponse suffisamment forte pour les arrêter. Paul Thomas Anderson a transcris le livre à l’origine de son scénario des années 70 à aujourd’hui, lui permettant de décrire comme aucun autre cinéaste la guerre contemporaine que se livrent deux factions de l'Amérique entre l’extrême gauche et l'extrême droite.
Mieux le film de 2h42 passe à la vitesse de l'éclair tant son rythme est fluide tant d'une époque à une autre que dans ses courses poursuites vraiment brillamment mises en scènes. C'est le film le plus accessible de son réalisateur et néanmoins son plus politique et c'est cela qui est bon. Car il prends le pouls d'une société malade qui fait froid dans le dos mais il a le rire de son côté, du côté de cette gauche qui ne veut rien lâcher et qui même si elle perd des combats, se redressera toujours contre le fascisme.
Le film est d'un optimisme surprenant porté par un Léonardo DiCaprio absolument génial comme toujours mais qu'on n'a pas si souvent vu dans cet accoutrement à la The Dude de The Big Lebowski des frères Coen, avec une finesse de jeu à tomber par terre et surtout une capacité à faire vraiment rigoler la salle. A ses cotés Benicio del Toro est génial en prof de karaté qui vient à sa rescousse et Sean Penn ne peut pas échapper à l'Oscar du second rôle pour ce portrait de militaire raciste et violent à la solde de suprémacistes blancs. Sa dégaine, sa diction, ses mimiques, tout est excellent et signe le grand retour d'un immense acteur qu'on avait perdu depuis 15 ans.
Le film est aussi émouvant quand il comte la relation père-fille que dans sa façon d'expliquer le panache de batailles qui ne peuvent qu'être perdues mais qui font vivre les suivantes, générant un culte, un courage pour relever à chaque fois le drapeau. Le message est très beau alors que le film est une comédie d'action vraiment hilarante et fun.
Chef d’œuvre, le mot est souvent galvaudé mais là assurément c'en est un ! Courez de toute urgence le voir histoire de ressortir avec la banane et surtout de l'espoir, oh combien précieux en ces temps difficiles.
La piste aux Lapins :




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