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Photo du rédacteurBlanc Lapin

Twixt

De: Francis Ford Coppola


Francis Ford Coppola a été absent une dizaine d'années avant de revenir avec des films qu'il voulait à petit budget, souhaitant retrouver l'inspiration d'un jeune réalisateur, tenter de nouvelles expérimentations à 70 ans.


Si "L'homme sans âge" était un peu trop maladroit, il signait un bijou digne de ses plus grandes tragédies avec "Tetro", il y a deux ans. "Twixt" poursuit ce sillon sans atteindre toute la poésie et la magie de "Tetro". Le film a également divisé les critiques tant lors de sa présentation à Venise que lors de sa sortie la semaine dernière.


Coppola choisit donc de nous conter l'histoire d'un écrivain au rabais, sorte de Stephen King du pauvre, qui se retrouve dans un bled paumé pour dédicacer son dernier livre. Le shérif du coin, un peu frappé sur les bords, lui montre le cadavre d'une jeune fille assassinée, un pieu dans le cœur. Il lui propose de co-écrire un roman sur l'affaire, à base de vampires. L'écrivain va se laisser convaincre lorsqu'il croise, la nuit même, le fantôme d'une adolescente.


Coppola choisit de nouveau le numérique, pour le pire et le meilleur. La réalité semble sortir tout droit d'un mauvais téléfilm mais la bizarrerie de l'histoire fait penser a celles d'un Lynch et permet au final à cette laideur de passer.


Mais surtout, le maitre compense par des scènes de rêveries ou de réalité parallèle assez bluffantes où le burlesque côtoie la tragédie, la folie, et mixte les univers. Au centre de son récit, une tour d'horloge à sept cadrans indiquant des heures différentes, image balourde mais touchante du mélange entre passé présent et rêve.


Entre série B et film d'horreur seventies, ces histoires de vampires et de fantômes ont surtout pour objectif de servir de catharsis. Celle d'un homme, Francis-Ford Coppola, qui a perdu l'un de ses fils, Gian-Carlo, décédé en 1986, dans un accident de hors-bord. Le personnage de Val Kilmer, l'écrivain, a lui aussi perdu sa fille dans un tel accident. Coppola traite donc de manière directe de sa culpabilité d'avoir été absent pour son fils, de son nécessaire besoin d'exorciser ce vide en faisant de ce dernier une source d'inspiration pour son œuvre. Comme l'écrivain, c'est en se confrontant à ce fantôme qu'il a résolu ses problèmes. Et si le principal était l'inspiration, le manque de démarche créative. Val kilmer rencontre dans ses rêves un autre fantôme, celui d'Edgar Allan Poe, auteur qui inspira fortement Coppola tout au long de sa carrière. Ce dernier va guider l'écrivain, lui qui a également perdu un proche, son épouse, et dont l'œuvre fut marquée de ce décès trop prématuré. Le fantôme dit d'ailleurs " We share this little ghost, my friend... », beau moment triste et mélancolique.


Coppola reprend sa patte de "Rusty James" et de "Tetro" et utilise un noir et blanc teinté de rouge vif, d'une très grande beauté plastique. Coppola mélange les genres, l'inspiration par le rêve qui mélange son propre passé et celui d'une histoire sordide de massacre. Il cite Beaudelaire dans le texte. Ce film trivial semble l’œuvre d'un homme totalement libre, et c'est ce qui fait un bien fou, un souffle frais de la part d'un maitre qu'on croyait enterré il y a quelques années. Ce coté affranchi des règles peut agacer certains mais ravir d'autres par tant d'audace.

Les affres de la création, le deuil d'un enfant décédé dont on ne s'est pas assez occupé sont traités avec une naïveté et une sincérité dans la démarche qui force le respect. Le film est boursoufflé comme son acteur principal, Val Kilmer, revenu des morts, mais cela fonctionne...comme si Coppola avait trouvé un équilibre subtil.

Il est vraiment plaisant de voir l'auteur du "Parrain" et d'"Apocalyse Now" retrouver une telle vigueur. Un film à détester autant qu'à déguster mais un film très original.

La piste aux Lapins :


























































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