De: Joel et Ethan Coen
En 1870, à la frontière de l’Ouest américain, Mattie Ross, 14 ans, embauche l’ U.S. Marshal Rooster Cogbum (Jeff Bridges) pour retrouver et trainer devant la potence le meurtrier de son père.
L’idée de voir Jeff Bridges retrouver les frères Coen 15 ans après «the big Lebowski», l’un de leurs chefs d’œuvre avait de quoi ravir. Le fait que les frangins les plus doués du cinéma s’attaquent à un genre aussi culte et vaste que le western était aussi gage d’excitation. D’autant que les Coen avaient annoncé un film sombre, violent, avec des vrais scalps, du sang…et au final, la seule chose sympa que je retiens ce sont que les cows boys se tiraient dans le dos…mais ce n’est pas nouveau…et c’est bien le problème.
Je suis très embêté d’écrire cette critique car c’est le deuxième film d’affilée des frères Coen que je n’apprécie pas, après « A serious man » et que j’adore les Coen, ils font partie de mes réalisateurs préférés. Ma déception est donc immense, les critiques sont enthousiastes de partout mais n’auraient-elles pas le syndrome habituel de sacrer systématiquement un auteur à partir du moment où il a aligné une petite dizaine de bijoux ?
Car oui, ce western m’a particulièrement ennuyé. Entendons nous, Jeff Bridges est parfait dans le rôle du vieux briscard. La photo est magnifique, Matt Damon est bon, la jeune actrice aussi…mais le méchant est complètement fadasse, l’histoire ne réserve aucune surprise et ce consensualisme mou et attendu est relativement simple à expliquer. Il s’agit d’un remake de « 100 dollars pour un Shériff » avec John Wayne, film qui a non seulement mal vieilli mais qui était ringard et réac dès l’origine. Les Coen ont certes évacué les aspects hyper républicains de l’original mais n’y ont pas apporté leur touche, leur patte.
Si j’avais regardé ce film sans savoir qu’il s’agissait des Coen, je n’aurai pas été surpris de voir que Steven Spielberg avait produit…Disney aurait pu également filer des billes dans le projet tant le manque d’aspérité du tout m’a soufflé.
Mais où est passé le second degré légendaire des Coen ? Certes, ils nous présentent à nouveau un loser magnifique mais qu’a t’il d’original ? Il suinte les archétypes de cinquante ans de westerns chiants, pas ceux d’Howard Hawks ou Peckinpah ou John Ford, non, ceux qui étaient produits en masse dans les années quarante et cinquante et qui finissaient par tous se ressembler. Dans de nombreux d’ailleurs, John Wayne y jouait, impassible…et heureusement que John Ford l’embauchait souvent…
Mais ce désagréable sentiment me rappelle hélas un autre film raté des Coen, un autre remake, « Lady Killers », de loin leur plus mauvais. Que les Coen évitent les remakes ! De grâce ! Car à chaque fois, ils n’ont rien apporté de transcendant par rapport à leurs propres scénarios originaux. Le canevas d’une histoire déjà écrite ne leur convient pas.
Ce qui m’attriste le plus est que « True Gritt » est leur plus gros carton, plus de 150 M$. Et oui, effacer l’identité de réalisateurs aussi brillants leur permet d’atteindre le très large public et les sommets du box-office.
Bref, je ne trouve bien que « les cahiers du cinéma » pour avoir un avis proche du mien, ce qui m’ennuie aussi tant je les considère souvent très snobs. Mais malgré mon admiration pour les Coen, vous l’aurez compris, ce film m’a semblé fadasse, sans odeur, sans saveur. A oublier. Mais je veux bien qu’on m’insulte pour oser critiquer les Coen, j’aurais probablement des commentaires peu sympathiques et énervés. On est déçu que par les artistes qui comptent.
La piste aux Lapins :
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