De: Eric Toledano, Olivier Nakache
Enfin ! J'ai vu le phénomène de l'année, "Intouchables" de Eric Toledano et Olivier Nakache !
On me disait que j'étais trop snob de ne pas y aller...c'est juste que j'avais d'autres films à voir avant.
Alors ? Les 12 millions d'entrées qui risquent de titiller les 20 millions en fin de carrière et l'un des plus gros succès de tous les temps au box-office français, est-il un phénomène?
Et bien disons que comme tout film qui sait réunir un max de monde, et dépasser la barre des 10 millions, il faut un certain nombre d'ingrédients. Déjà, il faut que ce soit une comédie, dans 90% des cas, il faut que le concept soit simple et efficace (comme pour "bienvenue chez les Ch'tis") et il faut surtout, que le thème soit suffisamment fédérateur et universel...logique.
Alors est-ce qu'un film qui marche est "grand public" par opposition aux films d'auteurs, de grands auteurs qui, quand ils cartonnent, oscillent entre 800.000 entrées et quelques millions ?
Personnellement je pense que ce serait un petit peu réducteur et snob justement de caser "Intouchable" dans une catégorie. Il est vrai que le thème de la tétraplégie traité sous un sens comique est une façon déjà vue de faire rire du malheur d'un autre tout en se donnant bonne conscience. "Le huitième jour" fonctionnait sur cette rythmique et se moquait des trisomiques pour mieux les "intégrer". Pas sûr que la démagogie ne soit pas à nos portes, prête à envahir nos esprits. Ceci dit, le message du film est très positif, il présente aux autres, les non infirmes, une vision assez éloignée du téléthon. Les handicapés détestent qu'on les regarde avec pitié quand les gens acceptent de les regarder. Et François Cluzet trouve un rôle à la mesure de son talent. Pas forcément évident car il est en retrait. Car ce qui frappe à l'évidence, c'est que la star du film, qui explose et va voir les propositions de rôles s'accumuler, c'est Omar Sy.
Le copain de Fred Testot, qui nous a fait bien marrer dans le "SAV" de Canal, nous présente un festival de lui-même. Et il est drôle, très drôle. On pourra trouver balourd la dénonciation des inégalités de classe montrée à travers la famille d'origine du personnage d'Omar, qui vit dans des tours. Mais pourtant, c'est la réalité. Et la montrer avec une telle opposition du luxe bourgeois dans lequel évolue Cluzet n'a rien de ridicule. C'est caricatural comme rencontre et comme situation, certes. Mais le film a le mérite de pointer du doigt et de tordre le cou de certains préjugés avec une naiveté, une fraicheur et une sincérité sympathiques, renforcée par un humour noir de très bon aloi. Comment ne pas adhérer ?
La critique comme quoi le film serait raciste est assez débile en soit. C'est comme la critique du film "Amélie poulain" qui voyait du pétainisme dans la vision du bonheur qui y était exprimée. N'importe quoi ! Ce sport national du démontage systématique est assez gonflant. Ces films ne sont pas parfaits mais les clouer au pilori parcequ'ils cartonnent ne rend pas service aux critiques, ces dernières apparaissant aigries et très éloignées du public.
Après le film n'a rien de mémorable, d'extraordinaire, il est juste bien monté, bien joué et m'a fait passer un moment sympa. Le fait que l'histoire soit inspirée de faits réels tord par ailleurs le cou aux critiques qui reprocheraient au film son manque de lien avec la réalité, le fait qu'il serait peu probable qu'une telle rencontre ait lieu en vrai.
"Intouchables" est donc un film de réunion, entre des univers et des publics différents, un film enthousiaste et généreux.
On pourrait reprocher au film de se centrer un peu trop sur Omar et son humour ravageur. Il est vrai qu'il est omniprésent. Mais Eric Toledano et Olivier Nakache connaissaient déjà très bien Omar Sy pour l'avoir fait tourner dans "tellement proches", et "nos jours heureux". Ils ont donc écrit le rôle pour lui. Un rôle si bien taillé qu'on pourrait croire que c'est Omar lui-même qui a écrit les vannes. Et c'est aussi là une grande force du film par rapport à nombre de comédies, les dialogues sont très écrits, à la différence de si nombreuses productions basées uniquement sur un casting et quelques stars de télé reconverties.
Ce film aurait vraiment pu sombrer dans le sirop à bien des occasions mais les deux réalisateurs sont trop pudiques et respectueux pour s'y vautrer. L'émotion passe ici par la sincérité, permettant un passage fluide du rire au sérieux. "Intouchables" est donc un bon petit film, humain, drôle, parfois complaisant et faussement noir mais qui réussit à atteindre son but. Son succès est mérité. Et ça fait plaisir de voir un film rendre hilare et marcher aussi fort, le genre comédie étant trop souvent sinistré en France.
La piste aux Lapins :
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