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Photo du rédacteurBlanc Lapin

The killer Inside Me

De: Michael Winterbottom avec Casey Affleck



Le pitch : Lou Ford est sheriff dans une petite ville texane. Il est corrompu et aime les femmes. Mais c'est aussi un tueur psychopathe...

Voici donc le film qui a tant choqué le festival de Berlin cette année et divisé la presse et le public. Avant toute chose, mettons les choses au clair, les deux scènes soit disant insoutenables du film où des femmes se font passer à tabac sont certes dures mais elles demeurent regardables même si tout est question de tolérance à la violence, chose éminemment personnelle et subjective. Nous ne sommes pas au niveau de la complaisance malsaine de Gaspard Noé dans "Irréversible".


Bien au contraire, cette violence filmée jusqu'au bout explose dans le premier crime pour mieux faire ressentir l'angoisse de revoir pire lors des scènes suivantes. Mais Winterbottom ne tombe pas dans la facilité d'une surenchère gratuite. Sa scène d'origine est là pour montrer la monstruosité du personnage, il n'est pas utile de la renouveler avec autant de violence et il l'a très bien compris.


J'ai aimé le film pour son efficacité et son absence de grand guignol, justement. L'histoire est crédible car le tueur n'a rien d'un génie du crime et ses méfaits ne sont pas d'une extrême discrétion. Je n'ai pas lu le roman noir de Jim Thompson et je n'ai pas le regard critique du lecteur. Cependant, j'ai vu d'autres adaptations réussies de l'auteur américain, que ce soit "Série noire" d'Alain Corneau, "Coup de Torchon" de Bertrand Tavernier ou "Les Arnaqueurs" de Stephen Frears. Les trois sont d'excellents films très noirs et "The killer inside me" bénéficie de la même atmosphère de polar sans issue. Le personnage de Lou Ford, campé par Casey Affleck est fascinant. Sa voix nasillarde n'a rien de celle d'un criminel et son visage sans expressions mais d'un charme indéniable a davantage les reflets du gendre américain moyen et innocent que du tueur psychopathe. Et c'est tout l'intérêt du film.


Je ne suis pas très fan de Winterbottom habituellement, réalisateur éclectique qui passe d'un genre à l'autre comme pour épater tout le monde mais n'y arrive pas souvent. Mais cette fois-ci je fais partie de la moitié des spectateurs n'ayant pas trouvé le film vain et inutile ou gratuit.

En effet, Winterbottom nous fait partager en voix off les réflexions du tueur afin de mieux asseoir un malaise. Le fait de chercher des origines aux troubles mentaux du personnage permettent même d'apporter une explication. Est-elle expéditive et facile ? Oui, légèrement mais les raisons d'une telle déviance sont-elles forcément très complexes. Elles sont nouées dans l'enfance et la petite enfance et très souvent alliées à un terrain mental favorable. Le tueur est pervers, complètement schyzo mais les racines du mal existent. Ceci aide à comprendre le drame des pauvres victimes se trouvant sur son passage, lui qui n'a pas du tout la gueule dont on devrait se méfier. Il est froid et clinique et il agit de manière très calme et calculée.

Peut-être que l'histoire se déroule sur une période trop courte pour apprécier l'évolution du trauma du personnage jusqu'au passage à l'acte initial, peut être...


On a reproché au film d'être trop léché, mais pour quelle raison ? Le film n'en perd pas de sa substance pour autant. J'aurais certes préféré que le film aille plus loin dans l'exploration du personnage et ne reste pas à la porte. C'est le seul regret réel que je pourrais avoir. Winterbottom livre un film honorable et bien réalisé, porté par une interprétation exceptionnelle mais il se repose trop sur cette dernière et manque de peu la production d'un grand film. On sent un petit décalage entre l'acteur au top et le long métrage un peu plus en dessous en termes de tension et de fond.


Casey Affleck est décidément un acteur d'un très haut niveau, de "l'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford" à "Gone baby Gone" en passant par "Gerry" ou "Lonesome Jim".

Je vous conseille donc le film avec un bémol pour les âmes sensibles mais sans vous garantir une adhésion puisque nombre de spectateurs ne tolèrent pas ce type de violence. Très honnêtement, on a vu bien pire dans le genre. Et le film est réussi à défaut d'être excellent.


La piste aux Lapins :























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