De: Carlo Mirabella-Davis
Le pitch : Hunter semble mener une vie parfaite aux côtés de Richie, son mari qui vient de reprendre la direction de l’entreprise familiale. Mais dès lors qu’elle tombe enceinte, elle développe un trouble compulsif du comportement alimentaire, le Pica, caractérisé par l’ingestion d’objets divers. Son époux et sa belle-famille décident alors de contrôler ses moindres faits et gestes pour éviter le pire : qu’elle ne porte atteinte à la lignée des Conrad… Mais cette étrange et incontrôlable obsession ne cacherait-elle pas un secret plus terrible encore ?
Bon, je vous rassure, le film est regardable sans scènes dégueulasses, ce qui m'avait perso un peu rebuté avant. Le film Carlo Mirabella-Davis est vraiment original de par son thème. Il nous parle d'un gamine américaine qui a rencontré le prince charmant, beau comme un Dieu, richissime et qui va reprendre la boite de son père. Elle est belle, il est beau, les parents leurs ont payé une baraque qu'on ne voit que dans magazines. Oui mais cette femme a un secret et c'est ce dernier qui provoque chez elle la maladie de Pica, où elle ingurgite sans pouvoir s'en empêcher de multiples objets dont certains sont très dangereux.
Ainsi nous voyons devant nous cet American way of life se craqueler et se détruire au fur et à mesure que l'on comprend d'où viennent ses troubles. Il y a ce secret et il y a aussi cette vie atroce de prisonnière, de femme soumise à la maison, juste bonne à faire le ménage, la cuisine et faire l'amour avec son beau gosse de mari pour le contenter quand il est fatigué.
Le réalisateur filme ceci dans un décors de rêve mais d'une froideur et d'un manque de personnalité flippants auxquels il ajoute des touches chromées de couleurs pastel qui fixent bien l'ambiance étouffante dans laquelle elle évolue. Elle croit avoir atteint la sécurité mais c'est un leurre.
Dans cette monomanie où elle ingurgite comme pour combler le vide de son existence et se détruire en même temps, le personnage est terriblement seul. Le côté papier glacé de sa vie de famille et le cocon faux cul de ses beaux-parents donnent le tournis. Derrière les faux semblants bienveillants, le réalisateurs dépeint une Amérique à deux vitesses sans jamais montrer celle qui est à l'arrêt soit une très grande subtilité dans son propos. Les racines nous rattrapent toujours et il ne sert à rien de les nier, il vaut mieux s'y confronter et régler ses problèmes pour avancer ailleurs, dans une direction que l'on s'est choisie. C'est un peu la morale forte de l'histoire mais elle détaillée autour de ce personnage très silencieux à qui son entourage a tout retiré. Elle n'a pas de personnalité car on veut qu'elle soit une belle poupée qui coche tous les codes sociaux et s'y plie en silence. La scène du restaurant est, parmi d'autres, une scène extrêmement bien réussie avec un minimum de forme. Les silences du film sont d'ailleurs en général emplis de messages.
La maîtrise formelle de ce premier film et son message sont donc très réussis.
"Swallow" est visuellement élégant. Il dresse le portrait d'une rébellion métaphorique face aux traumas d'une jeune vie mal entamée mais aussi d'un monde aseptisé qui ne la laissera pas trouver son chemin.
Un très bon film.
La piste aux Lapins :
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