Life Of Chuck
- Blanc Lapin
- 22 juin
- 2 min de lecture
De Mike Flanagan

La vie extraordinaire d’un homme ordinaire racontée en trois chapitres. Merci Chuck !
Avec The Life of Chuck, Mike Flanagan abandonne le cinéma horrifique et adapte une nouvelle fois Stephen King avec brio.
Le terrain est ici plus intime et métaphysique, et le film surprend dans l'industrie hollywoodienne d'aujourd'hui qui prend assez peu de risque. C'est particulièrement gonflé de proposer cette histoire à rebours, plutôt définitive et pessimiste où les choses ne se terminent pas forcément bien mais où le regard porté sur la vie passée, le vécu et les belles choses ressenties compte plus que le futur.
Ceci donne un film très mature, inattendu et surtout libre de toute contrainte narrative. Adapté d’un texte de Stephen King, le film se déploie en trois mouvements, comme autant d’éclats d’une vie fragmentée, entre fin du monde silencieuse, comédie musicale improvisée et souvenirs d’enfance hantés.
Porté par un Tom Hiddleston lumineux mais hélas trop rare sur la durée du film, le récit joue avec les formes, change de ton, interroge le sens du destin et célèbre la beauté des instants. Peu de fioritures ici : une mise en scène épurée, presque invisible, qui laisse l’émotion affleurer sans jamais l’imposer. Chaque séquence semble flotter, comme suspendue entre le rêve, la mémoire et l’effondrement du réel.
Ce n’est pas un drame au sens classique, ni une fable fantastique : c’est un poème sur la fragilité. Flanagan réussit à évoquer la fin d'une vie comme la fin d'(un monde car chacun d'entre nous est un monde à part entière qui se construit s'étend et s’éteint plus ou moins tôt. Et c'est ce qui est très beau dans la simplicité de The Life Of Chuck, qui avec douceur, sans jamais sombrer dans le pathos, nous envoie un message réaliste et tendre. À l’inverse, il nous propose un cinéma de la sensation, où la mélancolie et la tristesse cohabitent avec un éclat d’émerveillement.
Le film refuse le spectaculaire, mais aligne des scènes inoubliables, dont une longue séquence de danse absurde et poignante, qui résume tout : face à la disparition, le mouvement reste, dérisoire et magnifique. Une manière de dire que l’existence ne tient pas à sa logique, mais à ses fulgurances. Et tout d'un coup le film décolle et donne une dimension universelle extrêmement touchante.
Entre élégance narrative et audace formelle, The Life of Chuck se révèle être l’un des objets cinématographiques les plus singuliers de l’année. Un film qui ose croire à la beauté du chaos, et qui, dans un monde saturé de cynisme, ressemble à un geste profondément consolateur.
La piste aux lapins :

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