De: Justin Kurzel
Le réalisateur des Crimes de Snowtown, Macbeth et le moins réussi Assassin's Creed, revient avec ce faux western sur l'un des plus grands hors la lois qu'ait connu l'Australie, le billy the kid australien, Ned Kelly.
Le film sort hélas en dvd et streaming pour cause de pandémie bien que passé à Venise.
J'attendais beaucoup ce film et force est de constater que je n'ai pas été déçu.
Synopsis : En Australie, certains le considèrent comme un criminel, d’autres comme un héros révolutionnaire. Dans le bush, Ned Kelly est une figure historique. Il incarne le symbole de la lutte contre le gouvernement britannique à une époque perturbée où ce continent rude et sauvage gagnait peu à peu son indépendance. Découvrez l’épopée de Kelly et de son gang de bushrangers qui ont à la fois fait régner la terreur et allumé une lueur d’espoir chez ceux qui n’avaient rien.
Justin Kurzel livre un film punk aux sons parfois électriques et au découpage très particulier. Il choisit de montrer l'épure de ces paysages quasi désertiques ou la police britannique traite avec mépris les autochtones du 19ème siècle. Il joue beaucoup sur les couleurs tantôt froides avec une touche de couleur tantôt très chaudes pour illustrer l'environnement et le danger pour le personnage principal.
Surtout, le protagoniste est d'abord montré durant 45 minutes dans son enfance et dans ses traumas sans que ce soit lourd et démonstratif. Son père est à moitié fou et sa mère se prostitue et accepte de le vendre à un hors la loi, incarné brièvement par un Russell Crowe imposant et bicéphale dans sa personnalité.
La mère est quant à elle un personnage central que l'enfant adore et qui recherche un amour qu'elle ne peut pas donner, autocentrée qu'elle est sur elle-même et sa propre survie, faisant passer son intérêt avant celui de ses enfants.
Et puis surtout, elle l'incite à aller dans le mauvais chemin alors qu'on sent un enfant sensible et qui n'aime pas la violence. Charlie Hunnam incarne avec finesse ce policier à la fois protecteur et profiteur, manipulateur qui ne donne rien sans un retour sexuel de la mère. Il y a de quoi traumatiser le gamin, forcément.
Puis entre en scène George McKay dans le rôle de Ned Kelly adulte et ce dernier, de par son jeu et son visage si particulier, explose l'écran. Il est brillant de sensibilité et de violence voir d'accès de folies venues de son héritage génétique paternel. Le personnage n'est pas antipathique, au contraire, il est perdu et très seul au milieu de son gang. Kurzel nous l'a expliqué enfant et le suit dans sa fuite vers l'échafaud.
Le déterminisme nihiliste du film n'est pas triste, il est même plutôt beau à bien des reprises.
Nicholas Hoult joue un second rôle très important avec toujours le même talent. C'est même son meilleur rôle. Il joue un autre policier britannique, ambivalent et quelques peu sadique. A la fois dans l'empathie et la volonté de pactiser avec le gangster, de devenir son ami et à la fois à vouloir lui soutirer ce qu'il a de plus cher et lui négocier une liberté en forme de chantage. Le personnage est lui aussi pervers car on ne sait pas pourquoi il joue ainsi avec la mort, peut être aussi par dépit, parcequ'il tue le temps jusqu'à se mettre grandement en danger. Le personnage est vraiment super bien travaillé dans sa relation homo-érotique avec celui de Georges McKay (ie Ned Kelly) et l'alchimie prend comme une danse macabre fascinante.
Et puis il y a la grande scène finale qui calmera tout le monde de part son brio et son originalité.
Vraiment, "The True History of the Kelly Gang", traduit "Le gang Kelly" est une totale réussite, un film étrange et différent de ce qui sort habituellement. L'ambition de Justin Kurzel, son équipe et de son excellent casting est récompensée par une des meilleures réussites de l'année.
La piste aux Lapins :
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