La Voix de Hind Rajab
- Blanc Lapin
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De Kaouther Ben Hania

29 janvier 2024. Les bénévoles du Croissant-Rouge reçoivent un appel d'urgence. Une fillette de six ans est piégée dans une voiture sous les tirs à Gaza et implore qu'on vienne la secourir. Tout en essayant de la garder en ligne, ils font tout leur possible pour lui envoyer une ambulance. Elle s'appelait Hind Rajab.
La réalisatrice de l'excellent film "Les filles d'Olfa" revient avec de nouveau un concept entre la fiction et le documentaire. En choisissant de raconter de nouveau une histoire vraie de membres du croissant rouge tentant de sauver une fillette de 6 ans bloquée dans une voiture à Gaza alors que des tanks israeliens tirent de partout, la réalisatrice raconte l'innomable. Le film ne se veut d'ailleurs pas politique. Est-ce politique de dénoncer une armée qui tire sur des civils ? C'est juste de l'humanisme pur. Une évidence, que certains intellectuels ou militants transforment en antisémitisme ou antisionisme alors que ce n'est pas le sujet. C'est même hors sujet. Et particulièrement indécent. Et c'est servir la soupe aux vrais antisémites que de confondre tous les sujets. Ce n'est pas un moyen de lutter contre eux que de tolérer l'innacceptable. On parle ici d'aide humanitaire à des populations bombardées ne pouvant s'extraire du bourbier. Evidemment le film est révulsant et choquant puisqu'on y entend la vraie voix de cette enfant terrorisée qui ne comprend pas qu'on ne vienne pas la chercher. De l'autre côté les bénévoles tentent en respectant les contraintres de l'armée israelienne de faire arriver une ambulance pour sauver l'enfant. L'incompréhension de certains bénévoles, la prudence d'autres ne voulant pas sacrifier leurs secouristes si l'armée leur tire dessus.
Ceci peut sembler dingue mais c'est la réalité de cet enfer pour lequel la communauté internationale n'a pas pu agir et arrêter les morts. D'un point de vue purement cinématographique, le film a un parti pris qui retire une part d'émotion. En effet, le fait que des acteurs interprètent les bénévoles et jouent comme des acteurs provoque paradoxalement un décalage avec la voix réelle issue des enregistrements. Ceci m'a retiré de l'émotion et presque culpabilisé de ne pas être suffisemment embarqué dans l'émotion, justement. Et c'est probablement l'objectif également de la réalisatrice, ou alors c'est involontaire et c'est bien aussi, que de nous rendre quelques peu honteux de ne pas être suffisemennt conscients de cette perte de repères. Non il ne s'agit pas que d'une guerre, le fait ne ne pas laisser passer des convois humanitaires comme des ambulances n'a rien d'une attitude justifiable et entendable. Le cas de cette fillette en est d'ailleurs l'atroce exemple. La dérive d'un pouvoir d'extreme droite face aux terroristes du Hamas ne justifient rien de tout celà.
L'impuissance qui se dégage du film n'ajoute certes rien à ce qu'on sait déjà, au fait que des deux côtés il y a de vrais humains qui veulent la paix mais qu'hélas, ce ne sont pas eux qui ont le pouvoir de résoudre un conflit d'une complexité profonde et enracinée dans le sang...le sang d'innocents, des deux côtés sur tellement de générations qu'on a du mal à voir le bout du tunnel. Un film fort même si son procédé peut être discuté sur le plan de l'efficience. Il a le mérite de ne pas tomber dans un sentimentalisme trop évident et de montrer l'horreur avec discernement.
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