Rebuilding
- Blanc Lapin
- il y a 11 heures
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De Max Walker-Silverman

Dans l’Ouest américain, dévasté par des incendies ravageurs, Dusty voit son ranch anéanti par les flammes. Il trouve refuge dans un camp de fortune et commence lentement à redonner du sens à sa vie. Entouré de personnes qui, comme lui, ont tout perdu, des liens inattendus se tissent. Porté par l’espoir de renouer avec sa fille et son ex-femme, il retrouve peu à peu la volonté de tout reconstruire.
Avec Rebuilding, Max Walker-Silverman s’éloigne des figures héroïques du western pour en explorer les cendres. Loin des mythes virils, son film observe une Amérique rurale fragile, peuplée d’êtres discrets, cabossés par l’histoire et par le temps. À travers une relation père-fille d’une grande pudeur, le cinéaste esquisse un portrait sensible de celles et ceux qui tentent de tenir debout dans un pays fracturé, entre perte et résilience.
La mise en scène privilégie l’épure : peu de dialogues, des gestes retenus, une attention constante aux paysages et à la circulation des silences. Cette économie de moyens donne au récit une tonalité méditative, parfois presque immobile, qui peut donner l’impression d’un récit avançant à pas feutrés. Mais cette lenteur assumée devient aussi une force, laissant émerger une douceur rare et une mélancolie apaisée, jamais écrasante, toujours traversée par une lueur d’espoir.
Josh O’Connor incarne ce père solitaire avec une sobriété remarquable. Taciturne, presque effacé, il compose un personnage vulnérable, héritier inattendu des figures solitaires de l’Ouest, mais dépouillé de toute bravade. Sa présence, constamment habitée, confère au film une profondeur silencieuse, comme si le poids d’un pays tout entier se lisait dans sa posture et ses regards.
Visuellement, le film capte avec une grande sensibilité la beauté des grands espaces et la rudesse du monde rural, même si l’ampleur du décor n’est pas toujours pleinement exploitée dramaturgiquement. La musique, parfois trop insistante, tend à figer l’ensemble dans une contemplation prolongée. Pourtant, le dernier mouvement du récit rééquilibre l’ensemble, recentrant l’émotion et donnant enfin toute sa portée au geste du cinéaste.
Rebuilding célèbre la solidarité, l’attention à l’autre et la possibilité d’une reconstruction collective, intime autant que politique. Par sa délicatesse, son humanisme tranquille et son regard attentif aux marges, le film compose un tableau touchant d’une Amérique blessée mais capable, malgré tout, de se réinventer.
La piste aux Lapins :




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