De Stéphane Demoustier
Le pitch : Lise, 18 ans, vit dans un quartier résidentiel sans histoire et vient d'avoir son bac. Mais depuis deux ans, Lise porte un bracelet car elle est accusée d'avoir assassiné sa meilleure amie.
L’impassible adolescente au cœur du récit fascine par ce qu'elle cache et sur lequel on ne sait si c'est de la culpabilité, de l'absence d'empathie ou le simple détachement d'une adolescente par rapport à une situation d'une gravité absolue qui se déroule devant nos yeux. Son avenir et sa vie sont en jeux et pourtant elle ne fait rien pour convaincre le jury de son innocence.
Melissa Guers est à ce titre parfaite et tête à claque comme peut l'être une adolescente tête brulée qui ne veut rien entendre du monde des adultes.
Roschdy Zem et Chiara Mastroianni jouent des parents largués face à cette enfant qu'ils ne comprenant plus et qu'ils découvrent en même temps que le jury et le public de la cour d'assises. La violence des révélations et le côté cru de ses relations sexuelles alternent ce film de prétoire et lui donnent un suspens à chaque scène. La prévenue est trop mutique pour être innocente mais après tout le réalisateur nous surprend à nous montrer ce que c'est que la vraie présomption d’innocence ou nous tendant un miroir dans lequel ces préjugés sont clairement établis.
Le réalisme du sujet est ancré par l'alternance de scènes de familles entre les audiences et du déroulé des débats. Ce huis clos austère rend hommage à la justice française et au travail de chacun, du procureur au juge en passant par les avocats impliqués dans ce théâtre aux enjeux absolus pour la personne dans le boxe des accusés.
La subtilité de la mise en scène et du scénario font de "La Fille au bracelet" un long métrage très bien maitrisé de bout en bout. Surtout, le film traite de l'émancipation par rapport au monde de l'enfance tout autant que de la résolution par la justice d'un cas peu anodin.
Le spectateur est déstabilisé par le flou volontairement entretenu autour du caractère de la jeune femme et de ce qu'elle a réellement commis.
Une très bonne réussite française du 1er semestre 2020.
La piste aux Lapins :
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