De Catherine Breillat
C’est donc l’un des chocs de Cannes et très honnêtement on est loin d’un film provoquant.
Ou tout du moins peut-être qu’à une autre époque il l’aurait été. Breillat, dont c’est le retour après 10 ans d’absence, revient avec un thème sulfureux autour de la libido et du désir féminin, comme dans la plupart de ses films. Sauf qu’ici elle y parle d’emprise d’une femme mure sur un adolescent et d’un désir doublement interdit de par le fait qu’il s’agit de son beau-fils, à peine sorti de l’adolescence.
Léa Drucker y est excellente comme toujours et Samuel Kircher joue cet adolescent agaçant et sur de lui, provocateur et transgressif avec talent.
Si le film est certes dérangeant c’est non pas par l’amoralité de son personnage plus que par la froideur de l’ensemble. La relation est assez clinique de la part de cette femme mue par le désir qui dépasse les barrières car on comprend qu’elle fut très libérée plus jeune et qu’elle s’emmerde dans son petit confort bourgeois.
Ce qui m’a dérangé ce n’est pas la calculatrice froide qui tente de sauver sa peau lorsque la société la met à nue, ceci on s’y attend et le film n’est pas très surprenant hélas. Non c’est plus que Breillat, la rend presque victime de son désir et minimise l’aspect emprise de l’adulte sur l’adolescent en montrant un ado imbuvable, qui cherche et provoque la relation.
Hors c’est un peu « facile » car ceci met l’adulte dans une position moins « responsable ». Et ça, c’est gênant et surtout c'est moins intéressant que si le personnage du gamin avait été moins dessiné de la sorte.
Et puis je n’ai pas trouvé la passion très incarnée et plutôt mécanique et froide au final. Ce n’est ni romanesque ni moral et tant mieux, ni un film d’amour, ni assez ambigu pour la raison évoquée précédemment.
Du coup on se demande quel est le propos exact de la réalisatrice ? Quel est le message ? Le désir féminin et la transmission morale certes mais j’ai du mal à identifier plus. Le message est trop court, trop limité par rapport au potentiel de son sujet. Bref, le film est lesté d’une absence de point de vue. J’aurais préféré plus de subtilité. Mais le film reste intéressant, bien réalisé et superbement interprété.
La piste aux lapins :
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