De Martin Scorsese
Enfin le maitre Scorsese réunit ses deux acteurs fétiches, Léonardo DiCaprio et Robert DeNiro, excellents l’un comme l’autre dans cette histoire méconnue et passionnante de l’effacement d’une population par les yankees blancs.
Killers of the flower Moon a contre lui sa durée de 3h26 qui en rebutera plus d’un mais il a pour lui ce scénario impeccable et cette maestria de mise en scène qui nous montre l’un des plus grands réalisateurs de tous les temps rétablir l’honneur et le souvenir de ces indiens spoliés jusqu’au bout par la violence capitaliste issue du contrôle du pétrole.
Une ironie alors que ces derniers avaient été asservis après avoir été massacrés par les colons puis les cow-boys. Le film prend son temps pour raconter la fourberie du personnage de DeNiro, vieillard en apparence bon et attentionné pour cette population mais qui n'est en réalité qu'un parrain mafieux liquidant tous les individus sur le chemin de sa cupidité, sans aucune empathie alors qu'il en joue. En ce sens l'acteur des Affranchis et Casino renoue avec ses rôles les plus marquants, Scorsese orchestrant la rencontre du western avec le film de mafieux. Sa mise en scène vive et acérée comme à l'accoutumée a certes quelque chose de classique mais c'est parceque Martin Scorsese est un pan du cinéma à lui tout seul. Son style et son influence sont tels qu'effectivement, on n'est plus surpris par le bonhomme.
Léo DiCaprio campe quant à lui un personnage faible et manipulable, pas très intelligent mais qui ressent des sentiments pour la femme qu'il détrousse et à qui il a fait des enfants. Il est juste d'une bassesse humaine et d'une absence totale de morale qu'il croit qu'on lui pardonnera toujours tout et que surtout, comme tous ses compatriotes blancs, il est supérieur racialement aux hommes et femmes à la peau rouge. Scorsese saisit si parfaitement ce racisme ancré si profondément que les blancs se doivent de jouer la comédie pour récolter les dollars des peaux rouges dont les terres sont irriguées de pétrole. C'est pessimiste et glaçant sur la nature humaine mais c'est une histoire vraie !
L’Histoire américaine est vue sous un angle peu flatteur, celui des génocidaires devenus petites frappes criminelles sans aucun recul ni conscience des atrocités qu'ils commettent. A 80 ans, Martin Scorsese offre son film le plus engagé et enfin une image à tous ces êtres effacés de l'histoire. Sa fresque est grandiose et magistrale. Non Martin, vous ne pouvez pas réaliser encore que un ou deux films.
La piste aux lapins :
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