De Maïwenn
Jeanne Vaubernier, fille du peuple avide de s’élever socialement, met à profit ses charmes pour sortir de sa condition. Son amant le comte Du Barry, qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, souhaite la présenter au Roi. Il organise la rencontre via l’entremise de l’influent duc de Richelieu. Celle-ci dépasse ses attentes : entre Louis XV et Jeanne, c’est le coup de foudre… Avec la courtisane, le Roi retrouve le goût de vivre – à tel point qu’il ne peut plus se passer d’elle et décide d’en faire sa favorite officielle. Scandale : personne ne veut d’une fille des rues à la Cour.
Si on laisse de côté la polémique double autour d'une part de la réalisatrice qui a visiblement attaqué Edwy Plénel dans un restaurant et Johnny Depp qui sort de cinq ans de procès avec son ex Amber Heard avec visiblement des coups et de la manipulation des deux côtés, concentrons nous sur l'objet filmique et le résultat.
La surprise vient d'abord de l'étonnante sobriété du film, avec une voix off, pas des plus originales façon de conter une histoire et une Jeanne Du Barry étonnant moins trash qu'on aurait pu s'y attendre. Évidemment Maïwenn se réserve un rôle plus jeune que son âge mais çà passe plutôt bien et elle est crédible en femme objet, prostituée au service de multiples hommes allant de son complice Du Barry joué par un impeccable Melvil Poupaud à un vieillard, le duc de Richelieu joué par Pierre Richard, très étonnant dans ce rôle.
Elle est montrée cependant comme une femme qui n'a à cette époque que cette arme pour réussir malgré son intelligence et sa volonté de se sortir de son milieu de naissance, en lisant de nombreux livres. Ce n'est pas franchement #Metoo, et il est peu probable que çà calme les détracteurs et détractrices de l'accueil du film à Cannes. Mais bon très honnêtement, d'un point de vue historique, c'est un peu ce qui s'est passé. Donc sauf à réécrire l'histoire...Maïwenn choisit une réalisation académique mais un ton qui l'est moins, ce qui donne à l'ensemble une approche à la fois légère et qui met l'accent sur une véritable histoire d'amour vécue par Louis XV dans les dernières années de sa vie.
Et Johnny Depp est parfait dan le rôle. C'est un excellent acteur, qui s'est perdu dans l'alcool, les frasques et des choix de carrière faciles. Et après sa descente aux enfers et son exclusion de Hollywood, le voilà interprétant un roi de France en français. Curieusement son accent n'est pas gênant, on passe dessus assez rapidement grâce d'abord à une économie de mots évidente mais surtout parcequ'il a un visage cinégénique incroyable, un regard qui laisse passer tellement de sentiments, qu'une évidence s'impose, Johnny Depp est encore une star et quand il est bien dirigé, il crève l'écran.
La sensibilité du film passe par un autre grand acteur, Benjamin Lavernhe, qui endosse un rôle d'une classe incroyable et donne plusieurs moments émouvants au film.
La plus grande surprise est donc là, Jeanne Du Barry avait tous les ingrédients pour se planter et se faire ouvrir en deux sur les marches cannoises et au final le résultat est bon.
La piste aux lapins :
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