De: François Ozon
En 22 ans, François Ozon a signé 19 films dont 14 très réussis soit une production des plus rythmées jamais vues en France de la part d'un auteur de sa trempe. Ozon fait partie de ces hauteurs qui déplace le public sur son nom et c'est mérité.
"Eté 85" rend donc hommage probablement en partie à sa jeunesse, il y a 35 ans alors qu'il avait 18 ans.
Après, la pudeur du cinéaste et son talent pour surprendre font de ce film bien autre chose qu'une idylle amoureuse d'été. Difficile de ne rien révéler et donc je serai très prudent.
"Eté 85" compte sur un casting de deux jeunes qui vont faire parler d'eux, Félix Lefebvre, très convaincant et Benjamin Voisin, qui commence à devenir connu avec pas moins de quatre films sortis en 2020 (La dernière vie de Simon, Un vrai bonhomme et bientôt Comédie humaine d'après les Illusions perdues d'Honoré de Balzac). Leur alchimie à l'écran fonctionne à merveille. Valeria Bruni Tedeschi, Isabelle Nanty et Melvil Poupaud sont excellents.
Ozon nous conte la découverte amoureuse, la première passion avec tout ce qu'elle a de beau et de violent, de délicieux et de cruel. Il fait toucher du doigt à l'écran ces moments hors du temps et la chute qui suit quand l'un des deux se lasse et détruit le château de sable, à un moment forcément inattendu pour l'autre.
Le fait de saisir ces émotions si fugaces et de les retranscrire de la sorte tient à une somme de talents humbles et juste dans l'intimité des personnages.
Le film est efficace, sans aucune scène de trop, bercé par une bande originale eighties et vintage à souhait. Cet air d'été qui se poursuit dans une noirceur violente est construite avec finesse et beaucoup d'émotions romanesques.
Le rapport à la mort ou au professeur est aussi très présent comme une synthèse de thématiques traversant la dense filmographie du cinéaste. François Ozon nous montre un adolescent qui découvre la vie avec ce qu'il y a de plus surprenant, de plus glauque. Il explique de façon très simple l'idéalisation d'un être par un autre et le besoin parfois de se construire en creux par rapport à un idéal.
La mise en scène, brillante comme toujours et la direction d'acteurs font de ce film une belle réussite dans cette filmographie déjà riche.
La piste aux Lapins :
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