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Photo du rédacteurBlanc Lapin

Mank

De: David Fincher


Six longues années après Gone Girl, après avoir livré trois séries pour Netflix dont House of Cards et Mindhunter, le réalisateur David Fincher est de retour, considéré aujourd'hui à juste titre comme un maitre et l'un des meilleurs cinéastes au monde. Alien 3, Seven, The Game, Fight Club, Panic Room, Zodiac, L'étrange histoire de Benjamin Button, The Social Network, Millenium et Gone Girl...que des films réussis et cinq chefs d’œuvres.


Il est trop tôt pour appliquer un tel qualificatif au nouvel opus de Fincher mais une chose est sûre, le réalisateur livre son film le plus personnel, le moins grand public et le plus libre. Son idylle avec Netflix se poursuit puisque la plateforme lui a permis de réaliser ce projet dans les cartons depuis 1996 et dont son propre père, journaliste, était scénariste. La première tentative échouât début des années 2000 et son père mourut en 2003.


Évidement, le film est fait avec cet hommage à tous les scénaristes du monde et s'avère une superbe reconstitution de l'univers du Hollywood des années 30. En choisissant de raconter l’envers du décors de Citzen Kane, considéré comme LE chef d’œuvre du cinéma, David Fincher veut parler avec une grande modestie des équipes qui entourent un metteure en scène. Car même culte, Orson Welles n'apparait pas sous un jour hyper flatteur, ce dernier avait quand même en tête de s'arroger l'écriture du scénario par son scénariste, Herman J. Mankiewicz, frère du réalisateur Joseph L Mankiewicz (L'Aventure de madame Muir, Ève, L’Affaire Cicéron, La Comtesse aux pieds nus, Soudain l'été dernier, Cléopâtre, Le Limier).


Herman, surnommé Mank, est un alcoolique notoire, rebelle et revêche mais libre. Malgré ses idées ouvertes et progressistes, ce dernier est devenu l'amuseur d'un grand magnat de la presse via le créateur actionnaire de la Métro Goldwyn Meyer. Et alors qu'Orson Welles lui donne deux petits mois pour boucler le scénario d'un film sur lequel il ne lui a donné que très peu de lignes directrices, Mank choisit de s’inspirer fortement de ce magnat, incarné par l'excellent Charles Dance (Tywin Lannister dans Games of Thrones).


Mank va donc raconter cette inspiration créatrice entre retraite bloqué au lit et flashs backs dans cet Hollywood des années 30 que le scénariste critique pour son hypocrisie et parcequ'il a l'occasion en or de traiter d'un personnage hors norme. Il va pouvoir parler de pouvoir, d'un individu aux idéaux qui se sont dilués dans la réussite et qui a vendu ses rêves pour de la puissance.


L'histoire du film est donc déjà passionnante car méconnue et c'est un vrai plaisir même pour des non cinéphiles que de voir ce qui a amené à un tel chef d’œuvre.


Ensuite David Fincher, en maniériste obsessionnel qui rend fou ses acteurs à les faire rejouer 50, 70, 100 prises, va livrer un objet filmique vraiment fascinant. Son noir et blanc est superbe et même le son est retravaillé pour nous faire penser aux films des ces années là.


Évidemment le film a une bien meilleure qualité sonore et d'image mais vous avez le sentiment d'être immergés dans ce cinéma là.


Évidemment Gary Oldman est juste excellent et cours droit vers un second Oscar, qui est amplement mérité. Sa prestation est fluide, contrastée, ironique, enlevée. Il est parfait dans le rôle de ce trublion d'un grand esprit mais d'une incapacité totale à se rabaisser devant le pouvoir.

Forcément, ce personnage est éminemment attachant tant il est cabot et juste à la fois.

Le rythme du film est tambour battant et empêche le spectateur de décrocher une seule seconde.

Le travail admirable de David Fincher comme directeur d'acteurs et virtuose de la mise en scène éclate avec évidence au grand jour mais hélas pas sur un grand écran. Et pour le coup, je suis certain que la diffusion en dehors d'une salle fait perdre une partie de l'impact au film...c'est dire !


La piste aux Lapins :










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