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127 heures

De: Danny Boyle


Le pitch : En 2003, Aron Ralston, 27 ans, part faire de l'alpinisme seul, dans les gorges de l’Utah. Il n'a averti personne de son périple car il est habitué et ne l'estime pas nécessaire. Mais un rocher se détache et lui bloque le bras au fond d'une immense crevasse. Il risque de mourir sur place. Le calvaire commence. 127 heures...

Avec « 127 heures » Danny Boyle prouve de nouveau qu’il est un touche à tout brillant puisqu’après l’adaptation de roman culte (« trainspotting »), le petit film noir très british (« petits meurtres entre amis »), le film de SF référencé (« Sunshine »), le film à oscars united colors of Bennetton (« slumdog millionaire ») ou le film de zombies décalé (« 28 jours plus tard »), il revient en très grande forme cette année et prouve de nouveau son éclectisme.


Ses détracteurs lui reprochent de privilégier la forme au fond, tout comme à David Fincher (Seven, fight club, the social Network), autre réalisateur clipesque de sa génération.

Il est vrai que question mise en scène, si Boyle n’égale pas Fincher, il atteint tout de même des niveaux de très haute facture. En utilisant tous les procédés, le split screen, le zoom à fond les vélos et toujours une caractéristique commune à tous ses longs métrages, une bande-originale décapante, au service de son histoire et du ressenti émotionnel du personnage.


Or au niveau de cet acteur quasi unique à l'écran, Boyle a fait la bonne pioche. James franco est tout simplement brillant. On ne voit que lui, on a très très peur de s’ennuyer durant son calvaire de 127 heures mais au final, l’animal dispose d’une palette de jeu riche et variée. Alors qu’il était le beau gosse fadasse des Spider Man de Sam Raimi, Franco a eu du mal à percer. Mais depuis son rôle de petit ami de Sean Penn dans « Milk », les studios se sont intéressés à lui. D’autant que lui s’intéresse à la réalisation et n’a pas l’intention de jouer uniquement de sa plastique. Un personnage bourré d’énergie très intéressant et probablement l’une des grandes stars hollywoodiennes de demain. Il utilise son visage élastique et sa bouille sympathique. Le regard vif teinté tout aussi bien de malice pétillant de vie que de dépit et d’ironie, résolu à l'inéluctable de son sort. Un rôle en or pour faire exploser une carrière vers le haut.

Et puis, contrairement au film de Peter Weir, "les chemins de la liberté", qui ne parvenait pas à filmer la nature avec émotion, Boyle met en image l'immensité des paysages et la petitesse de l'homme de façon extrêmement simple, opposant sans cesse la bulle consumériste et technologique dans laquelle nous vivons aujourd'hui, détachés de la réalité, à la majesté de ces montagnes de l'Utah.


Danny Boyle dépeint au passage une manière d'appréhender la vie pour une génération de trentenaires globe-trotters, plus souvent portés vers ce type d'expérience que leurs ainés. Certes, le travail reste important pour vivre mais l'immersion dans la découverte de la nature à travers de longs trecks devient une manière particulière de s'ouvrir l'esprit sur l'autre en relativisant sa propre existence et en la prenant moins au sérieux.

Pour ma part, le film m'a touché particulièrement puisque j'ai connu ce sentiment d'abandon. Pas durant 127 heures, quatre seulement mais une éternité. C'était il y a quatre ans, dans un désert d'Argentine, la voiture embourbée dans le sable, sans eau, sans possibilité d'utiliser les portables, à marcher des heures pour trouver de l'aide dans un milieu où l'homme ne vit pas. J'ai vraiment connu le sentiment du personnage de "127 heures", ce moment où l'on se dit que c'est très con mais que l'histoire va s'arrêter comme cela, pour un truc bête, pour ma part une erreur d'aiguillage. Tout d'un coup la nature devient hostile mais apaisante. L'idée fait son chemin. Et pourtant jusqu'au bout, l'instinct de survie est là, jusqu'au bout on cherche toutes les possibilités et on n'abandonne pas. On se résigne à la mort tout en gardant son sang froid et en tentant une issue. C'est très particulier comme expérience et ceci permet de mettre de la distance entre les contraintes du quotidien et les objectifs de vie, même si le stress revient au galop.

En décrivant les sensations physiques du personnage, Danny Boyle nous embarque dans cette aventure et nous fait toucher du doigt ce moment où face à la mort, l'essentiel ressurgit. On peut trouver cela niais mais c'est pourtant ce qui compte et Danny Boyle ne tombe à aucun moment dans le pathos gratuit. Il signe un film à la fois fun et détaché, certes tape à l'oeil mais pour ma part tout est question de virtuosité dans la mise en scène. Peu de réalisateurs peuvent se permettre d'être aussi démonstratifs sans tomber dans le ridicule de la surenchère. Il n y a que les très bons qui y arrivent. Boyle en est un, assurément.


La piste aux Lapins :
















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