De: Robert Eggers
Robert Pattinson est typique du genre d'acteur qui m'a considérablement gonflé et a conquis peu à peu mon respect de cinéphile par ses choix intelligents de carrière et par son talent qu'il développe. Issu des irregardables Twilight, il a su enchainer Cosmopolis et Maps to the stars de David Cronenberg, il est passé chez James Gray dans l'excellent "The lost city of Z", il s'est ensuite fait diriger dans le très bon "Good time" des frères Safdie, puis dans l’excellent "High life" de Claire Denis. Avant de faire partie du Tenet de Christopher Nolan en 2020 et d'être le nouveau Batman en 2021, l'acteur nous prouve ici qu'il peut aller très loin dans cet Ovni qu'est "The Lighthouse". Il y joue un jeune homme embarqué sur un phare avec un vieil homme tiranique pour garder ce dernier. Et le duo composé par l'excellent et régulier Willem Dafoe et Pattinson offre une joute assez bluffante. Les deux vont tomber dans une spirale de folie assez prodigieuse portés par une mise en scène ultra référencée de Robert Eggers.
Au-delà de ses trouvailles visuelles, de son superbe noir et blanc, de son découpage, de sa musique, le talent de ce réalisateur prometteur éclate au grand jour et nous fait espérer la naissance d'un grand cinéaste.
Le réalisateur use certes d'artifices déjà vus par ailleurs mais bien souvent les plus grands s'inspirent de leurs prédécesseurs et les citent pour mieux créer leur propre univers. Cette démonstration est en tout cas très convaincante.
On ne sait pas si l'auteur se rapproche de Sartre et nous dépeint une allégorie de l'enfer ou simplement l'enfoncement d'un être dans la folie et dans sa propre tête malade.
La forme et l'esthétique n’empêchent pas la tension de se créer et les interrogations d'apparaitre entre fulgurances horrifiques et dialogues illuminés d'un Willem Dafoe au sommet. Le film est anxiogène mais pas plombant, jouant sur l'épouvante sans jamais s'y plonger totalement, dans le but ultime de laisser le spectateur interrogatif.
Une très grande réussite pour terminer 2019.
La piste aux Lapins :
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