The Brutalist
- Blanc Lapin
- 16 févr.
- 3 min de lecture
De Brady Corbet

Fuyant l’Europe d’après-guerre, l’architecte visionnaire László Tóth arrive en Amérique pour y reconstruire sa vie, sa carrière et le couple qu’il formait avec sa femme Erzsébet, que les fluctuations de frontières et de régimes de l’Europe en guerre ont gravement mis à mal.
Livré à lui-même en terre étrangère, László pose ses valises en Pennsylvanie où l’éminent et fortuné industriel Harrison Lee Van Buren reconnaît son talent de bâtisseur. Mais le pouvoir et la postérité ont un lourd coût.
Adrien Brody a vu sa carrière pâlir grandement depuis bien des années. L'acteur de Le Pianiste, 51 ans au compteur, a tourné dans des films réussis comme La ligne Rouge de Terrence Malick, chez son pôte Wes Anderson (The Grand Busapest Hôtel, A bord du Darjeeling Limited, The French dispatch Asteroid City). Mais à part Wes Anderson, çà rame un peu niveau grands rôles.
Je suis donc ravi pour cet excellent acteur qu'il retrouve un rôle majeur dans ce film qui fait clairement écho au Pianiste de part sa thématique. La performance d’Adrien Brody est vraiment d'un niveau exceptionnel.
The Brutalist parle beaucoup d’architecture et d'un architecte de ce courant des années 50 tout droit dérivé des travaux du Corbusier. Mais le troisième long-métrage de Brady Corbet, auréolé du prix de la mise en scène à la Mostra de Venise 2024, nous parle aussi de tous ces juifs rescapés des camps qui ont reconstruit leur vie malgré leurs traumas. Cette seconde vie pour laquelle ils se sont battus entre une forme d'instinct de reconstruire et une culpabilité d'avoir survécu mêlée à un accueil plus que trouble des libérateurs. Car la force de ce gros morceau qu'est The Brutalist est de montrer l'insidieuse condescendance et le regard méprisant du capitalisme américain envers ces cerveaux et artistes qu'il récupéra par intérêt tout en leur montrant la place qu'ils se devaient de garder. Le personnage de Guy Pearce est très réussi pour celà, en mécène cultivé et mégalo mais pas si bienveillant qu'il veut bien le montrer. Une scène assez choquante est censée incarner l'impérialisme américain sur la façon de penser ainsi que cette duplicité du personnage de Guy Pearce, qui sous ses faux airs désintéressés, se comporte en maitre vis à vis d'esclaves qu'il possède. Je n'ai pas adhéré à cette scène qui tombe de nul-part et j'ai trouvé qu'elle venait gâcher par sa facilité une partie du film pourtant brillant. C'est dommage car The Brutalist est fluide et se regarde sans problème malgré ses 3h35 et son entracte de 15 minutes, du rarement vu !
Brady Corbet use de plans d'une beauté à couper le souffle, parlant des mensonges de l'American way of Life, avec une forme travaillée tel un orfèvre de l'image. Le film se veut monumental par sa durée et sa thématique et il y arrive à bien des égards.
The Brutalist est un tour de force singulier par le trompe l’œil américain qu'il nous donne à voir. La mise en scène et l'ambition thématique forcent le respect et vous feront réfléchir au film longtemps après la séance. La reconstruction d'un homme à travers son art puis celle de son couple sont à la fois très émouvants et violents de par la brutalité de ces rapports sociaux qui fait écho au style architectural qu'il promeut. L'explication à la fin du film de la raison de son inspiration et de son art, est bouleversante.
La piste aux Lapins :

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