top of page

Streaming : The Surfer / Les enfants rouges / Mac Walter . Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan / Le quatrième mur / Au pays de nos frères / Les Feux sauvages / Mémoires d’un escargot / 5 septembre

ree

The Surfer


sur Paramount+



ree

Avec The Surfer, Lorcan Finnegan (Vivarium) signe une fable dérangeante, à la fois absurde, tendue et crépusculaire. Dans ce thriller psychologique baigné de soleil australien, Nicolas Cage incarne un père en pleine crise existentielle, revenu sur la plage de son enfance pour y surfer avec son fils – un retour aux sources qui vire rapidement au cauchemar. Pris pour cible par un groupe de surfeurs locaux aussi fanatiques que grotesques, il se retrouve piégé sur un parking, refusant de fuir, s’enfonçant volontairement dans une spirale de souffrance et de paranoïa.

Le film alterne entre tension latente, absurdité totale et satire sociale, mêlant l'esthétique de la folk horror et celle du cinéma australien des années 70. La mise en scène, très marquée (fish-eye, zooms, images d’animaux...), accompagne la descente aux enfers d’un homme obsédé par son passé et consumé par un besoin de revanche aussi vain que pathétique.

Si l’intrigue reste parfois floue, voire répétitive, elle est sauvée par la performance hallucinée de Nicolas Cage, absolument captivant, et par le regard acerbe porté sur le fanatisme et le culte de la possession. Étrange, imparfait, mais viscéral, The Surfer s’impose comme un film d’atmosphère aussi troublant que fascinant – un cauchemar en plein soleil.


La piste aux Lapins :


ree


Les enfants rouges

De Lotfi Achour


ree

Alors qu’ils font paître leur troupeau dans la montagne, deux adolescents sont attaqués. Nizar, 16 ans, est tué tandis qu’Achraf, 14 ans, doit rapporter un message à sa famille.


Avec ce film inspiré d’un fait réel survenu en Tunisie en 2015, Lotfi Achour livre une œuvre d’une rare intensité, qui explore avec délicatesse les séquelles invisibles du terrorisme. À travers le regard d’un adolescent survivant, le cinéaste capte l’indicible douleur d’un traumatisme, mêlant réalisme cru et échappées oniriques d’une poésie saisissante.

La mise en scène, élégante sans jamais trahir la gravité du sujet, se déploie entre cauchemar éveillé et fable lumineuse. Plutôt que de montrer l’horreur, Achour choisit de la suggérer, en se concentrant sur les cicatrices intérieures et la résilience du jeune héros, incarné avec une justesse bouleversante. Le film bouleverse par sa pudeur, sa beauté formelle et la puissance émotionnelle qu’il dégage. Une œuvre essentielle, dure et douce à la fois.


La piste aux Lapins :


ree


Mac Walter

Amazon prime

ree

Inspiré du personnage du même nom créé par Mister V, McWalter nous plonge dans les péripéties d’un agent secret déjanté. Après avoir éliminé un méchant qui menaçait la terre, et au passage une usine de pains à burger, McWalter peut enfin se consacrer à faire le deuil de sa compagne Tracy, morte accidentellement dans la précédente attaque. Mais c’était sans compter sur une série d’explosions mystérieuses qui secouent la planète. Son agence, exaspérée par ses méthodes destructrices, le convoque pour lui demander des comptes. Les choses tournent mal quand McWalter est accusé à tort : sur chaque lieu d’explosion, des traces de son ADN ont été retrouvées, l’impliquant directement. Mais s’il n’est pas coupable, alors qui orchestre ces attentats ? Alors qu’il tente de se défendre, une nouvelle explosion frappe le siège de l’agence... Pris au piège, notre héros doit non seulement prouver son innocence, mais aussi échapper à ceux qu’il a longtemps servis, tout en essayant de découvrir le cerveau derrière ces attaques dévastatrices.


Voilà voilà, ben c'est très très très mauvais. Je n'ai pas rigolé ni même souris une seule fois sur la demi heure que j'ai accordée à cette sombre merde. Un navet comme je pensais qu'on n'osait opus en produire niveau comédie mais c'est oublier que la comédie française qui recycle ses stars de télé, ses ex stars du comique et donc maintenant ses stars de youtube, avait une capacité impressionnante sous le prétexte de "on n'est pas sérieux", de pondre des films sans aucun scénar, aucune vanne vraiment travaillée. Comparer ce film au travail des Nuls ou des Inconnus c'est leur cracher à la gueule. L'un des pires films vus, fort heureusement partiellement, cette année.


La piste aux lapins :


ree



Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan



ree

Avec Leïla Bekhti, Jonathan Cohen



En 1963, Esther met au monde Roland, petit dernier d’une famille nombreuse. Roland naît avec un pied-bot qui l’empêche de se tenir debout. Contre l’avis de tous, elle promet à son fils qu’il marchera comme les autres et qu’il aura une vie fabuleuse. Dès lors, Esther n’aura de cesse de tout mettre en œuvre pour tenir cette promesse. À travers des décennies d’épreuves et de miracles de la vie, ce film est le récit d’une histoire vraie, drôle et bouleversante, celle d’un destin incroyable et du plus grand amour qui soit : celui d’une mère pour son enfant.


Dans cette comédie dramatique réalisée par Ken Scott (Starbuck, L'Extraordinaire voyage du Fakir), Leïla Bekhti incarne avec une énergie bouleversante une mère aussi envahissante qu’aimante, tandis que Jonathan Cohen campe son fils adulte, pris entre rires et blessures d’enfance. Le film, porté par un duo aussi sincère que juste, explore avec sensibilité les liens familiaux, leurs excès, leurs tendresses, et cette impossible séparation entre amour et emprise. Si la mise en scène s’autorise quelques effets esthétiques un peu lisses, elle trouve sa justesse dans les moments de confrontation et d’émotion. L’humour reste discret, souvent au second plan, au profit d’une émotion plus profonde, notamment lorsque le personnage principal tente de s’émanciper d’une figure maternelle aussi lumineuse qu’écrasante. Sylvie Vartan, dans son propre rôle, ajoute une touche singulière à cette fresque douce-amère, hommage universel aux mères. Un film généreux, parfois maladroit, mais profondément humain.


La piste aux lapins :


ree


Le quatrième mur


ree

Liban, 1982. Pour respecter la promesse faite à un vieil ami, Georges se rend à Beyrouth pour un projet aussi utopique que risqué : mettre en scène Antigone afin de voler un moment de paix au cœur d’un conflit fratricide. Les personnages seront interprétés par des acteurs venant des différents camps politiques et religieux. Perdu dans une ville et un conflit qu’il ne connaît pas, Georges est guidé par Marwan. Mais la reprise des combats remet bientôt tout en question, et Georges, qui tombe amoureux d’Imane, va devoir faire face à la réalité de la guerre.


Adapté du roman de Sorj Chalandon, Le Quatrième Mur de David Oelhoffen déploie un récit tendu où les idéaux s'effritent face à la brutalité du réel. Sur fond de guerre civile au Liban, le film interroge avec gravité la place de l’art, de l’engagement et du rêve dans un monde dévasté.

Porté par un Laurent Lafitte habité, ce drame trouve sa force dans la justesse de son écriture et la puissance de ses silences. S’il souffre parfois d’une mise en scène un peu fragile et de quelques longueurs, il impressionne par la puissance de son sujet, la justesse de son écriture et la retenue avec laquelle il aborde des événements aussi traumatiques que les massacres de Sabra et Chatila. En filigrane, c’est aussi un regard lucide sur la fragilité de la paix et sur la brutalité ordinaire de la guerre. Un film imparfait mais nécessaire, qui fait résonner l’Histoire avec l’actualité, et rappelle avec force que les utopies, même fugaces, ont leur place au cœur de l’horreur.


La piste aux lapins :


ree


Au pays de nos frères


ree

Iran années 2000 : dans l’ombre de l’invasion américaine, une famille élargie de réfugiés afghans tente de reconstruire sa vie dans "le pays des frères". Une odyssée sur trois décennies où Mohammad, un jeune étudiant prometteur, Leila, une femme isolée et Qasem qui porte le poids du sacrifice pour sa famille, luttent pour survivre à ce nouveau quotidien incertain.


Avec Au pays de nos frères, Alireza Ghasemi et Raha Amirfazli livrent un drame rare dans le paysage du cinéma iranien. En s'intéressant à la condition des réfugiés afghans, le film aborde une réalité largement invisibilisée à l’écran, d’autant plus frappante qu’elle est ici montrée à travers le prisme d’une classe iranienne aisée, souvent vue en position de domination ou d’exploitation. Ce renversement du point de vue, couplé à une grande justesse de ton, confère à l’ensemble une force singulière.

Le récit, structuré en trois segments distincts sur vingt ans, offre une fresque émotive mais c’est justement le fait que le premier volet soit à la fois le plus fort et le plus maîtrisé, qui crée un déséquilibre : les deux parties suivantes, bien que sensibles et finement interprétées, paraissent plus fades en comparaison.


La construction en triptyque, proche du film à sketches, montre ici ses limites : l’émotion s’étiole légèrement au fil des récits, malgré la cohérence thématique. Reste un film puissant, humain et esthétiquement soigné, qui ose donner la parole à une population marginalisée et interroge, en creux, les rapports de pouvoir entre peuples frères. Une œuvre précieuse et nécessaire, même si inégale.


La piste aux lapins :


ree




Les Feux sauvages


De Jia Zhangke


ree

Chine début des années 2000. Qiaoqiao et Bin vivent une histoire d’amour passionnée mais fragile. Quand Bin disparaît pour tenter sa chance dans une autre province, Qiaoqiao décide de partir à sa recherche.


e dois l’avouer d’emblée : je n’ai jamais été très fan du cinéma de Jia Zhang-Ke. Still Life, 24 City, A Touch of Sin, Au-delà des montagnes, ou encore Les Éternels… tous ces films encensés par la critique m’ont souvent laissé à distance. Trop cérébraux, trop compassés, un peu figés — avec, à mes yeux, toujours ce manque d’incarnation et d’émotion qui m’empêche d’y entrer pleinement. Son cinéma m’a souvent paru aride, même s’il est indéniablement important dans le paysage du cinéma chinois.

Et pourtant, Les Feux sauvages, présenté à Cannes, est sans doute celui que j’ai préféré de toute sa filmographie. Un peu par paradoxe, d’ailleurs. Ce n’est même pas un « vrai » long métrage au sens classique du terme : le film est entièrement composé d’images tournées sur plus de vingt ans, sans dialogues, montées après coup pour en faire une fresque flottante sur le passage du temps. L’idée est assez maligne, presque artisanale : on voit vieillir les acteurs, on voit aussi la Chine se transformer, dans ses paysages, son urbanisme, ses corps, son ambiance. Il y a là un regard intime sur l’évolution d’une puissance mondiale, non pas via ses grandes figures ou ses discours officiels, mais à travers le quotidien modeste de ses habitants. Et ça, c’est passionnant.

Visuellement, c’est souvent superbe. L’absence de dialogues renforce cette impression d’errance, comme si tout le film était un rêve éveillé, un glissement lent dans le temps et l’espace. Mais cette réussite d’ambiance a un prix : le scénario est un peu bricolé, il s’adapte aux images, et non l’inverse. Il n’y a pas vraiment de dramaturgie construite, les personnages restent lointains, et ce sentiment de film de bric et de broc finit par créer une certaine frustration. C’est à la fois le charme et la limite de ce projet.

Bref, Les Feux sauvages reste un objet singulier : un exercice de style habile et parfois fascinant, qui m’a plus accroché que ses films les plus « prestigieux ». Mais je continue à penser que Jia Zhang-Ke est un cinéaste dont la réputation critique est un peu surcotée — posé sur un piédestal, là où moi je vois un cinéma trop souvent froid et désincarné. Ici, c’est son geste le plus modeste qui m’a paradoxalement le plus touché. Comme quoi.


La piste aux lapins :


ree


Mémoires d’un escargot

De Adam Elliot


ree

À la mort de son père, la vie heureuse et marginale de Grace Pudel, collectionneuse d’escargots et passionnée de lecture, vole en éclats. Arrachée à son frère jumeau Gilbert, elle atterrit dans une famille d’accueil à l’autre bout de l’Australie. Suspendue aux lettres de son frère, ignorée par ses tuteurs et harcelée par ses camarades de classe, Grace s’enfonce dans le désespoir. Jusqu’à la rencontre salvatrice avec Pinky, une octogénaire excentrique qui va lui apprendre à aimer la vie et à sortir de sa coquille…


Avec Mémoires d’un escargot, Adam Elliot confirme son talent pour un cinéma d’animation à la fois minutieux et profondément humain. Chaque détail, chaque ride dessinée participe à une empathie qui se déploie sur l’ensemble des personnages, donnant vie à un univers à la fois tendre et cruel.


Le film, sombre et presque lynchéen dans son esthétique stop-motion, explore des thèmes adultes — deuil, alcoolisme, abus — avec un humour noir qui rappelle Mary et Max. Si l’accumulation d’éléments tragiques donne parfois un sentiment de chaos, la direction artistique et la poésie de l’animation emportent l’adhésion. Une tragicomédie poignante, où la beauté surgit au cœur de la douleur, à réserver à un public averti, mais qui frappe par sa singularité et son humanité.


La piste aux lapins :


ree



5 septembre

De Tim Fehlbaum


ree

5 septembre nous replonge dans l’événement qui a changé le monde des médias à jamais et qui continue de résonner à l’heure où l’information, le direct et la maîtrise de l’antenne reste l’objet de nombreux débats. Le film se déroule lors des Jeux Olympiques de Munich de 1972 où l’équipe de télévision américaine se voit contrainte d’interrompre subitement la diffusion des compétitions, pour couvrir la prise d’otage en direct d’athlètes israéliens. Un évènement suivi à l'époque par environ un milliard de personnes dans le monde entier. Au cœur de l'histoire, l’ambitieux jeune producteur Geoff veut faire ses preuves auprès de Roone Arledge, son patron et légendaire directeur de télévision. Avec sa collègue et interprète allemande Marianne, son mentor Marvin Bader, Geoff va se retrouver confronté aux dilemmes de l’information en continu et de la moralité.


Avec 5 septembre, on plonge dans les coulisses d’un drame historique à travers un thriller en huis clos, tendu et rigoureux, centré sur les médias et leurs dilemmes. Tourné de façon fluide, en caméra portée, le film capte l’urgence sans jamais sacrifier à la clarté.

S’il souffre parfois de vouloir trop en dire, ce trop-plein est compensé par une narration bien construite et une interprétation solide. Sorte de contrechamp modeste au Munich de Spielberg, 5 septembre capte l’instant où l'information devient une arme, sans verser dans le spectaculaire. Un film pédagogique, appliqué, et efficace, qui interroge les responsabilités journalistiques dans un monde de plus en plus marqué par la défiance. Pas un choc, mais un bon film, sobre et intelligent.


La piste aux lapins :


ree

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
bottom of page