De: Brian de Palma
Avec ce remake du dernier film d'Alain Corneau, et alors que "Crime d'amour" était plutôt mineur et raté, Brian de Palma renoue avec le brio de sa mise en scène.
On retrouve le maître enfin, après plus d'une décennie de films mineurs et décevants. De Palma revient au thriller sexuel qui a fait son succès dans les années 70 avec "Obsessions", "Pulsions", ou "Body double".
"Passion" traite donc du rapport de force et de séduction entre deux femmes à des postes clé d'une grande société de publicité. La séduction de Rachel McAdams, méconnaissable en blonde sulfureuse s'oppose à l'attitude sage et soumise de son apparente victime, Noomi Rapace.
Cette dernière excelle comme d'habitude et use de son visage énigmatisue pour cacher tant ses doutes que sa propre duplicité. De Palma va alors se faire plaisir et rendre un superbe hommage à sa propre filmographie mais aussi à celle d'un certain Alfred Hitchcock, poussant le suspens avec une accélération d'images et de thèmes musicaux jusqu'à l'obsession. A la manière d'un Polanski avec son "The ghost writer", De Palma synthétise son cinéma et d’autoréférence pour mieux le moderniser et livrer un film d'un faux classicisme mais dont l'impact est surprenant d'efficacité.
De palma fait monter la pression sur quelques choix de mise en scène radicaux parfois très eighties qui auraient pu s'avérer ridicules ou has been mais qui au contraire s'affirment avec classe. Le jeu d'ombres de la plupart des scènes qui suivent la déclaration de guerre des deux femmes est assez impressionnant.
Le film est sulfureux mais ne vire ni dans le voyeurisme ni dans l'érotisme chic, préférant utiliser les codes du thriller et se jouer de cette fausse relation lesbienne.
Les retournements se mêlent au mélange entre rêve et réalité, se jouant du spectateur comme les personnages se dupent eux mêmes entre eux.
Brian De Palma est donc de retour en très grande forme à 72 ans et c'est forcément une excellente nouvelle. Après la renaissance artistique de son pote Francis Ford Coppola il y a quatre ans, on peut se rassurer qu'un tel artiste ne soit pas enterré et qu'il taquine de nouveau les sommets sur lesquels il nous a si souvent transportés.
La piste aux Lapins :
Terrence Malick
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