De Bong Joon-ho

Avec Mickey 17, l'immense maitre sud-coréen Bong Joon-ho signe une fable de science-fiction aussi spectaculaire que féroce, jonglant entre satire sociale, comédie grinçante et réflexion vertigineuse sur l’avenir de l’humanité. Il mélange les styles comme à son habitude, c'est sa signature même si la comédie reste un premier plan. On sent toutefois poindre une forme de défaitisme sous les dehors vivaces de sa comédie d'action et l'apparent optimisme. Car si Mickey 17 est plus lumineux que la plupart de ses œuvres précédentes, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un film de science fiction, d'une fable. Derrière ce divertissement très original pour Hollywood et au scénario qui n'est ni un remake ni une suite, il y a la vision sombre de Bong Joon-ho sur l'humain, ses bassesses, et là où l'humanité nous mène tout droit. Il nous parle d'antispécisme tout comme dans Okja, pointant du doigt l’absence totale de morale de l'homme face à des animaux ou êtres vivants qui ne sont pas humains. ll se moque de la mégalomanie d'Elon Musk, du fascisme de Donald Trump avec le personnage grotesque de Mark Ruffalo mais il le fait avec humour, comme une politesse du desespoiur face à cette humanité qu'il voit partir en vrille. Le film est particulièrement d'actualité et montre cette indécence de milliardaires qui usent des pauvres comme chair à canon avec un mépris pour toute morale, l'objectif de toujours plus en ligne de mire et la fin justifiant n'importe quel moyen pour y arriver, quitte à pétiner tout forme de différence.
En s’emparant des codes du blockbuster hollywoodien tout en les subvertissant, il livre un film à la fois divertissant et profondément politique, qui interroge la valeur de la vie humaine dans un monde régi par la surconsommation et le pouvoir.
L’intrigue plonge dans un futur dystopique où la technologie permet de dupliquer les individus à l’infini, une solution cynique pour exploiter sans scrupule une main-d’œuvre jetable. À travers cette idée aussi absurde qu’effrayante, Bong Joon-ho explore la déshumanisation des sociétés modernes, où l’individu devient une ressource interchangeable. Le film égratigne avec une réjouissante férocité les élites, prêtes à sacrifier les autres pour leur propre survie, et met en lumière un monde où l’éthique s’effondre face à l’impératif de rentabilité.
Esthétiquement, Mickey 17 , la richesse visuelle frôle parfois l'excès et prend le pas sur le propos et le style du film qu'on pourrait rapprocher du Docteur Follamour de Stanley Kubrick pour l'absurde qu'il dénonce. Côté interprétation, Robert Pattinson est au top et ajoute encore un grand réalisateur à son Cv. Sa double interprétation de gentil naif et d'énervé du bocal lui permettent de déplyer une pallette jouissive.
Si Mickey 17 n’égale pas les sommets de Parasite ou Memories of Murder, il n’en demeure pas moins une œuvre singulière et ambitieuse, où Bong Joon-ho, équilibre critique sociale et spectacle grand public. À la fois cynique et étrangement optimiste dans le ton, il nous rappelle que, malgré les dérives du monde moderne, l’humain peu trouver en lui de la dignité mais que la bascule avec l'autodestruction est fragile. Une satire qui manque d'un peu férocité mais qui a le mérite de porter un drapeau qui ne se prend pas au sérieux.
La piste aux lapins :

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