De: Luis Buñuel
Los Olivados de Luis Buñuel fut réalisé en 1950 et reçu le prix de la mise en scène à Cannes en 1951.
L'histoire s'intéresse à de jeunes "oubliés" mexicains qui vivent dans la périphérie et dans les futurs bidonvilles de Mexico, dans les années 50.
"El Jaibo", un ado dangereux et sans aucune limite, sort de prison et devient l'exemple des plus jeunes dont Pedro, un gamin de 10 ans, que sa mère n'a pas souhaité et qui ne l'aime pas.
Buñuel nous emporte dans une spirale de violence assez surprenante, d'autant plus comparée à certains films comme "Oliver Twist" de David Lean d'après Dickens, déjà bien raide dans le style. Ici, les destins sont tragiques au premier degré, d'une noirceur bien profonde et qui semble d'un réalisme troublant. Le film est sexué, meurtrier, teinté d'une séquence de rêve assez particulière.
Buñuel ne s'attaque pas aux raisons de cette pauvreté mais il en décrit une certaine fatalité pour ceux qui naissent en son sein. Le cinéaste évite tout misérabilisme ou manichéisme que de telles œuvres engendrent bien souvent. Le milieu social qu'il nous décrit comprend des enfants abandonnés, d'autres que les parents n'aiment pas car ils constituent juste une bouche à nourrir. D'autres sont ultra violents et sans une once de discernement, de morale puisque c'est un luxe que d'en avoir une lorsque l'on n'a rien.
La vision de l'intellectuel bienfaisant qui tente d'améliorer le sort de ces gamins se confronte à la réalité crue. Ces enfants sont liés les uns aux autres, comme enchainés par un boulet qui les ramène toujours au fonds. La solution en pointillés est donc de les isoler totalement pour leur apprendre à lire, écrire, travailler...un noble souhait auquel le réalisateur ne croit pas vraiment. Car il faut une volonté politique, de l'argent, des cerveaux et que même avec ceci le travail s'apparente à celui de Sisyphe, à toujours recommencer éternellement...
J'écris au présent car si le film a certes vieilli, il reste tout de même d'actualité. Si les bandits brésiliens de la "cité de Dieu" sont plus violents que les Olivados mexicains des années 50, la logique et les causes sont identiques. Certains pourraient reprocher au film ce déterminisme froid mais Buñuel présente justement un film sans complaisance. Non, les pauvres ne se serrent pas les coudes systématiquement. Non, l'amitié ne tient pas entre ces gamins face au besoin de manger pour vivre. Sans l'amour d'une mère, pourquoi en éprouver pour d'autres ?
Buñuel fait dire à l'un des policiers que sans éducation et sans présence des parents, souvent analphabètes, il ne faut pas s'étonner du résultat. Un peu facile peut être et un discours qui aujourd'hui peut être utilisé par certains extrêmes. Le problème est que d'un constat peu contestable, on n'en oublie les causes, qui elles ne sont pas traitées. Ce n'est pas le sujet du film entendons nous. Simplement, ce genre d'affirmation peut s'avérer dangereux car il dédouane quelques peu les mieux lotis de la recherche de vraies solutions, de la volonté de s'attaquer aux vraies causes. Il est ironique d'entendre cette phrase aujourd'hui à laquelle Buñuel n'avait probablement pas donné un tel écho à l'époque. Il accorde d'ailleurs au professeur qui cherche à éduquer des enfants en redressement, un rôle quasi angélique, ou plutôt utopiste, qui exprime son point de vue à lui...du coté optimiste...
Pour Buñuel, l'enfant est naturellement bon et c'est la société qui le corrompt...j'ai bien peur de ne pas adhérer à cette vision à la Rousseau. La nature humaine ne pousse t'elle pas à la survie pour soi et pour ses progénitures avant les autres ? On peut longuement en débattre sans tomber dans la philosophie de comptoir. Et c'est tout l'intérêt de Los Olivados, provoquer ce type de questionnements.
La piste aux Lapins :
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