De: Michel Hazanavicius
L'exercice du biopic est très répandu et s'est développé ces quinze dernières années mais c'est pourtant un genre casse gueule, souvent parsemé de récits versant dans l'hagiographie facile.
Le film de Joe Wright a le mérite de présenter Winston ChurchillJoe Wright avec ses défauts car il n'avait pas forcément les qualités requises pour provoquer l'empathie. C'était un homme suffisant et sûr de lui, relativement dédaigneux de ses opposants politiques lorsqu'ils étaient médiocres, passablement porté sur la bouteille, et très éloigné du peuple par son train de vie dispendieux.
Joe Wright va donc nous montrer l'autre face du personnage en axant sur son intelligence et son flair mais aussi ses valeurs, sa haine d'Hitler, ce petit peintre raté, et sa détermination à ne pas laisser la Grande-Bretagne perdre son honneur.
Le film montre l'arrivée d'un bulldozer politique mal aimé du roi pour son culot et ses manières, qui va peu à peu acquérir la confiance du souverain, de la chambre des lords et du peuple en étant droit dans ses bottes et en se rendant sympathique là où il se foutait éperdument de l’opinion des autres auparavant. Cet homme qui pensait toujours avoir raison, va douter du fait des évènements historiques, de la débâcle des armées sur le territoire français et la rapidité avec laquelle le Reich envahit l'Europe. Puis il va comprendre qu'il doit parler tant au souverain qu'au peuple en flattant l'esprit de résistance et de combat, l'esprit patriotique et de liberté et les piliers qui font de l'Angleterre une île toujours à part dans l'histoire.
Pour servir ce personnage, Gary Oldman livre une prestation au dessus du sol, méconnaissable, brillant, probablement l'un de ses meilleurs rôles et il en a eu un certain nombre le bonhomme. Cette extraordinaire performance sert le film mais ne l'étouffe pas car la mise en scène de Joe Wright est stylée, vive et intelligente.
On glorifie certes le phrasé de l'homme historique mais c'est parceque les mots sont les armes du personnage pour changer le destin d'un peuple. Et Joe Wright a réussi à montrer cet instant fragile où un homme entre dans l'histoire en prenant ses responsabilités, là où il aurait pu choisir la voie de la négociation puis de la soumission aux nazis.
Le film est sous tensions en permanence et se suit avec suspens et c'est le premier film de l'année à voir absolument.
La piste aux Lapins :
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