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L’Etranger

De François Ozon

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Alger, 1938. Meursault, un jeune homme d’une trentaine d’années, modeste employé, enterre sa mère sans manifester la moindre émotion. Le lendemain, il entame une liaison avec Marie, une collègue de bureau. Puis il reprend sa vie de tous les jours. Mais son voisin, Raymond Sintès vient perturber son quotidien en l’entraînant dans des histoires louches jusqu’à un drame sur une plage, sous un soleil de plomb…


François Ozon porte fidèlement à l’écran L’Étranger, le célèbre roman d'Albert Camus, avec Benjamin Voisin, qui avait déjà tourné sous sa direction dans Été 85. Récompensé du César du Meilleur Espoir masculin en 2022 pour Illusions Perdues, Benjamin Voisin a récemment joué dans L'Esprit Coubertin et Jouer avec le feu. Son interprétation de marbre correspond en tout point au personnage de Camus, insondable, sans affect et sans capacité à éprouver des sentiments pour l'autre. La limite du film est qu'il n'explique pas le pourquoi ou des circonstances atténuantes car comme dans le livre, il n'y n'a pas. Et pourtant ceci existe des êtres à l'affect très voire pas développé, à des degrés plus ou moins différents. Seulement dans la vraie vie on peut ne pas les repérer immédiatement tant ils jouent le jeu du paraitre et des illusions de la vie en société. Ici Meursault ne ment pas, et c'est ce qui effraie le plus la société lors de son procès. Il aurait au moins fait semblant pour rassurer les autres, les choses auraient été différentes dans cette Algérie française bien colonialiste et raciste que nous dépeint Ozon, où un meurtrier aurait pu éviter la guillotine si il avait été un peu plus humain pour la forme.


À ses côtés, Rebecca Marder, lumineuse dans Une jeune fille qui va bien et qui a déjà collaboré avec Ozon sur Mon Crime, tiens le premier rôle féminin. Le casting se complète des brillants Pierre Lottin (En fanfare), Denis Lavant (Holy Motors) ou encore Swann Arlaud (Anatomie d'une chute).


L’indifférence face à la mort de sa mère et son absence de remords lors de son procès pour meurtre deviennent plus déterminants que le crime lui-même. Déjà adapté au cinéma en 1967 par Luchino Visconti avec Marcello Mastroianni, ce nouveau film d’Ozon ne restera pas comme son meilleur même si son adaptation est sublime dans un noir et blanc magnifique. Son film est élégant et interroge donc l'absurdité de la condition humaine avec intelligence, tout en donnant une touche politique à l'histoire, ce qui la modernise. Le film est comme le roman d'un nihilisme qui fait froid dans le dos. Après il est clair que le chef d’œuvre de Camus tient à son style et la beauté des images du film ne suffit pas à le restituer tant son personnage principal n'a aucune empathie et ne déclenche forcément aucune prise.


La piste aux Lapins :


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