L'Accident de Piano
- Blanc Lapin
- 6 juil.
- 2 min de lecture
De Quentin Dupieux

Depuis Rubber (2010), Quentin Dupieux s'est imposé comme un cinéaste à part, explorant l'absurde à travers des films-concepts courts et percutants. Si certains de ses premiers films semblaient lancés sans être totalement aboutis (Mandibules, Au Poste !, Fumer fait tousser), Réalité (2014) avec Alain Chabat et Le Daim (2019) avec Jean Dujardin se distinguaient par leur maîtrise et leur solidité narrative.
Ces dernières années, Dupieux a franchi un cap avec Incroyable mais vrai, Yannick, Daaaaaali ! et Le Deuxième Acte, qui confirment son succès grandissant et son écriture plus aboutie. Il enchaîne désormais les films à un rythme effréné, avec une recette efficace : des durées courtes, des concepts absurdes et une rentabilité assurée.
Son nouveau film, L'Accident de Piano, s'attaque aux dérives du web et des influenceurs. Magalie, star amorale des réseaux, se retire en montagne avec son assistant après un accident survenu lors du tournage d’une vidéo choc.
Avec Adèle Exarchopoulos, Jérôme Commandeur, Sandrine Kiberlain et Karim Leklou, qui sont tous excellents dans leur rôle, Dupieux nous livre de nouveau un film réussi de bout en bout là où je lui reprochait sa flemmardise. Son film est abouti, le scénario est simple, efficace et très très sombre. Le regard acide du réalisateur va au-delà de la tristesse de la célébrité virtuelle et de ces vies par procurations affichées sur les réseaux. Il ne se moque pas que des influenceurs mais aussi de notre addiction au vide, à des concepts idiots qui nous coupent de la réalité mais nous attirent tout de même, fascinés. Pour la première fois le ton n'est pas tant drôle que pessimiste sur la nature humaine, sa capacité à se vider totalement de morale et de vie juste pour l'argent et la reconnaissance de l'autre comme une masse informe dont on se fout puisque l'essentiel est de faire des vues, des like, et d'être "aimé" pour l'image que l'on diffuse, même si elle est totalement fake.
La méchanceté du personnage génialement joué par Adèle Exarchopoulos amène à des scènes comme toujours absurdes où le grotesque est roi. Il arrive même à distiller une forme de suspens tant le personnage est barré.
La bonne nouvelle est que son 14ème film et son 7ème film en 4 ans est très réussi, comme quoi la boulimie de cinéma de Quentin Dupieux a paradoxalement un effet positif sur la qualité de ses films !
La piste aux Lapins :

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