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28 ans plus tard

De Danny Boyle


Avec 28 ans plus tard, Danny Boyle signe un retour aussi inattendu qu’électrique à l’univers infecté qu’il avait inauguré en 2002 avec 28 jours plus tard, suivi cinq ans plus tard du très efficace 28 semaines plus tard. Ce nouveau chapitre, troisième opus d’une saga désormais culte, marque aussi les retrouvailles créatives entre Boyle et le scénariste Alex Garland, devenu entre-temps une figure incontournable de la science-fiction contemporaine (Ex Machina, Annihilation, Devs). Ensemble, ils repoussent une nouvelle fois les limites du film de genre pour livrer une œuvre aussi brute qu’ambitieuse.


Le projet ne se contente pas de jouer sur la nostalgie : il amorce une nouvelle trilogie. 28 ans plus tard en est le point de départ, bientôt suivi de The Bone Temple, prévu pour janvier 2026, tandis qu’un troisième film conclura ce cycle apocalyptique.


Si Cillian Murphy, désormais icône, est annoncé pour apparaître dans le second film avant de prendre le relais du dernier, cette première partie propose déjà une galerie de personnages puissants et torturés, incarnés par un casting cinq étoiles : Jodie Comer, Ralph Fiennes, Aaron Taylor-Johnson et Jack O’Connell composent une distribution féroce, charismatique, aux accents tragiques.


La mise en scène retrouve la verve viscérale et punk qui caractérisait les premiers Boyle. Tour à tour poétique et rageur, le film alterne visions cauchemardesques, expérimentation sensorielle et fulgurances stylistiques. D’une intensité à couper le souffle, certaines séquences évoquent la transe fiévreuse de Sunshine, la brutalité urbaine de Trainspotting ou la virtuosité de 127 heures. La bande-son claque, le montage est nerveux, la caméra s’autorise toutes les audaces.


Mais derrière l'adrénaline, 28 ans plus tard n'oublie pas la satire. Le film prend pour toile de fond une Grande-Bretagne isolée, incapable de contenir une pandémie, et dessine un portrait acide d'une société minée par le repli sur soi, la peur et la dérive autoritaire. Plus qu’un film de zombies, c’est une fable politique, où les infectés sont moins effrayants que les vivants. L’écriture de Garland explore les traumatismes collectifs, les fractures sociales, et cette sensation persistante que le monde court à sa perte en répétant les mêmes erreurs.


Danny Boyle, qui a toujours navigué entre les genres avec brio (Slumdog Millionaire, Steve Jobs, Trance), retrouve ici une liberté et une urgence qu’on ne lui avait pas connues depuis longtemps. 28 ans plus tard ne cherche pas l’esbroufe ni l’action à outrance : il préfère construire une tension organique, progressive, parfois dérangeante, avec une approche presque philosophique de la fin du monde.


Ralph Fiennes, en particulier, livre une prestation d’une intensité rare, dans un rôle hanté qui évoque un Kurtz moderne. Son face-à-face avec la violence et le désespoir donne lieu à des scènes parmi les plus marquantes du film. Quant à Jodie Comer, elle incarne une héroïne à la fois vulnérable et redoutable.


Avec un budget mesuré de 60 millions de dollars, 28 ans plus tard prouve qu’on peut faire du grand cinéma de genre sans surenchère. Le film impressionne par sa capacité à conjuguer spectacle, réflexion et émotion brute. Il ne s’agit pas d’une simple suite, mais d’une mutation du film d’horreur, hybride et fiévreuse, capable de faire frémir autant que réfléchir.


Boyle et Garland frappent fort. Et la suite, déjà en route, promet d’élargir encore l’univers. La pandémie n’est pas terminée. Le chaos ne fait que commencer.


La piste aux lapins :



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