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Photo du rédacteurBlanc Lapin

Yves Saint Laurent

De: Jalil Lespert



Jalil Lespert, brillant acteur découvert tout jeune il y'a 15 ans dans "Ressources humaines", s'est lancé dans la mise en scène il y'a sept ans avec succès. Mais c'est en s'attaquant au monument de la mode qu'est Yves Saint Laurent, qu'il va entrer dans la cour des grands, et devenir encore plus crédible en tant que metteur en scène.

Car ce n'était pas évident, d'autant qu'un second projet porté par Bertrand Bonello et Gaspard Ulliel sortira en automne.

Pour interpréter le fragile Saint Laurent, Lespert choisit Pierre Niney, petit surdoué du jeu au visage et à la silhouette frêles mais qui livre une prestation bluffante. L'animal a repris la syntaxe que Saint Laurent et son ton si particulier, prononçant chaque mot avec une précision théâtrale toute particulière. Pour interpréter l'homme de sa vie, son mentor et amant, Pierre Berger, il se tourne vers un deuxième sociétaire de la comédie française, Guillaume Gallienne. Son jeu est peut être moins dans la performance mais s'avère tout aussi juste et donne le change à Niney pour faire de ce premier film sur Saint Laurent une incarnation tout à fait pertinente du couple. C'est déjà la première grande réussite du film. La sincérité et le naturel du jeu. On y croit.

Faire un biopic est toujours casse gueule et je dis souvent que si Milos Forman et Stephen Frears ont jalonné le cinéma de pépites, la plupart des histoires filmées de ce type sont académiques et souvent ennuyeuses.

La réussite de Jalil Lespert est de donner vie à la passion dont Yves Saint Laurent était traversé, on entre aperçoit son génie et la complexité de son personnage, de ce "faux gentil".

On découvre un homme qui est devenu célèbre très jeune et n'a pas profité de la vie, et va donc brûler cette dernière par les deux bouts et en faire voire beaucoup à son compagnon. Le lien tissé entre les deux va donc évoluer sous nos yeux et devenir un mariage de raison toujours teinté d'amour puis de tendresse. Et c'est là que le filme de Lespert choisit de s'appesantir davantage, sur l'histoire de ce couple, une histoire d'amour et d'association entre la création et le sens des affaires, entre un artiste et un businessman. La compassion de Berger pour son homme, au pire de sa déchéance est en ce sens extrêmement bien rendue par Gallienne et l'isolement de Saint Laurent rendu avec mesure par Niney.

Certains critiques reprochent justement un manque d'émotion au long métrage et je ne comprend absolument pas pourquoi...au contraire, certaines scènes sont violentes mais débouchent sur de très beaux moments d'émotion. C'est juste que les personnages de Berger et Saint Laurent sont particuliers mais pour ma part, j'ai été touché par leur histoire, par ce long parcours et par la beauté du lien qui les unissait, par le dévouement de Berger et ce qu'il a du endurer de son homme, qui n'était pas un ange. On voit Saint Laurent dans ses colères, ses incompréhensions du monde extérieur, ses exclusions violentes de gens très proches, ses caprices et son côté complétement perché. Pierre Berger a adoubé le projet et ouvert les collections et dessins à l'équipe du film. Mais Lespert ne choisit pas pour autant d'en mettre plein la vue.

Alors oui, le film est plus axé sur la vie privée de l'artiste que sur ses créations, mais c'est justement tenter de comprendre la complexité de cet être traversé de blessures et d'envies de liberté et d'évasion, qui présentait un intérêt. C'est un angle que Jalil Lespert a très bien compris en nous livrant un biopic élégant, délicat et fiévreux à la fois.


La piste aux Lapins :




















































































































































































































Terrence Malick

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