De: David Lowery
Très bien accueilli dans divers festivals cette année, "Les amants du Texas" mérite tout le bien qu'on en a dit mais m'a surpris par sa traitement.
Le film a été vendu comme un pseudo Bonnie and Clyde version années 2010 mais ce n'est pas tout à fait celà, et c'est tant mieux.
L'histoire suit effectivement un couple de gangsters dans les années 60, Bob et Ruth, mais il s'intéresse surtout à l'après arrestation de Bob. On sait dès le départ qu'il s'évadera de prison pour la rejoindre mais comment réagira t elle quatre après, alors qu'elle lui avait promis de l'attendre, avec leur petit fille, née alors qu'il était déjà sous les barreaux ? D'autant qu'un jeune flic présent lors de leur arrestation, joué par un Ben Foster tout en nuances, essaie de séduire Ruth et de l'amener dans le droit chemin. Et loin d'être un intru, son personnage est surprenant.
Rooney Mara et Casey Affleck sont très beaux dans ce film et forment de façon crédible les deux faces d'une même pièce, un couple passionné, qui s'est connu enfant, qui s'est aimé dans la transgression criminelle et qui était un couple fusionnel. Mais la séparation et l'âge peuvent-ils avoir une incidence ? C'est l'histoire d'un amour impossible car si lui rejoint sa belle, il la condamne à l'errance et met en danger leur fillette et eux deux. Et puis elle trouve bien des qualités au policier qui la courtise et lui offre un autre futur.
De ce scénario très simple, David Lowery arrive à tirer un très beau film, tendre et désabusé à la fois. Le sursis des personnages et le danger qui les guette, l'impossibilité pour eux de se réunir, forment un creuset idéal pour illustrer comment une histoire d'amour peut résister ou fondre selon les assauts. Il aborde la thématique du choix de l'un des deux amants pour la normalité, pour se sauver soit et sauver l'autre. Et le film joue tout du long sur la décision qui sera faite entre la fuite en avant et le sacrifice amoureux qui signifie le suicide de la relation. Il faudra attendre la dernière minute pour savoir vers quelle direction ira la très belle et énigmatique Ruth, portée par une Rooney Mara parfaite. La voix nasillarde de Casey Affleck est utilisée avec soin tout au long des lectures des échanges épistolaires entre le couple. Mais le réalisateur prend surtout un parti pris, celui de filmer avec lenteur et de baigner son film d'une beauté naturelle qui fait forcément penser à Terrence Malick. Il y'a pire comme inspirateur.
Le film pourrait s'apparenter à une lente ballade sentimentale dont l'épilogue ne pourra pas vous laisser indifférent. C'est beau comme tout parcours de vie brisé, comme toute histoire qui aurait pu s'écrire autrement et dont l'épilogue tient à un fil. Et c'est un très joli film qui raisonne des regrets les plus beaux.
La piste aux Lapins :
Terrence Malick
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