De: Michel Hazanavicius
Michel Hazanavicius est doué pour le pastiche, la pantalonnade et les bons mots, même si "The Artist" était muet.
Ici, il décide de montrer sa version de Jean-Luc Godard, cinéaste autant adulé que détesté.
Il ne s'agit pas d'un biopic mais bien d'une vision d'un homme qui en quelques chefs d’œuvres avait mis le monde des critiques et une partie du public à ses pieds et qui tourna le dos à ces derniers en même temps qu'il faisait sa révolution.
On va donc suivre dans le Paris de 1967, un cinéaste amoureux, qui fait tourner Anne Wiazemsky, à peine 20 ans et lui 37, dans "La Chinoise", qui ne trouvera ni son public ni sa critique et marquera un tournant dans sa carrière.
Car c'est aussi mai 68 qui se profile et Godard va s'engouffrer dans les idéaux de l'époque jusqu'à devenir un jusqu’au-boutiste détesté de ses propres admirateurs, de ses propres amis à force de leur cracher dessus et de renier tout ce qu'il a fait, tout ce qui a précédé.
Certes le film d'Hazanavicius se prend souvent de facilités en tombant dans le comique, agréable certes, mais souvent trop taquin. Cependant il arrive à capter quelque chose de rare, à savoir le basculement d'un artiste dans un isolement, un enfermement artistique mortifère.
Certains adorateurs de Godard considéreront qu'au contraire, il mena sa démarche artistique envers et contre tous. Personnellement, le film m'a permis de mieux comprendre cette cassure dans la filmographie de l'artiste. Car oui j'ai adoré les premiers Godard, de "A bout de souffle", "Le Mépris", "Pierrot le fou" à "Masculin, féminin"...et puis on a perdu Godard, tout du moins celui-là et après je me suis terriblement emmerdé en regardant ses films et j'ai finis par décrocher comme une grande partie du public et de la presse. Il existait toujours des irréductibles pour défendre sa radicalité mais pour moi très honnêtement, je n'y voyais plus du cinéma car lorsque l'artiste ne s'adresse plus qu'à lui, alors çà devient compliqué.
C'est aussi pour cela que "Le Redoutable" présente un certain charme. Il montre un amour qui se ternit et meurt, peut-être aussi celui du réalisateur pour un auteur qu'il adule pour ses premiers éclats géniaux et qu'il a finis par lâcher comme beaucoup. C'est une histoire un peu triste. Godard n'est pas montré à son avantage car il se comporte souvent comme un con égoïste. Un con amoureux certes mais autiste. Mais au moins Hazanavicius tente une explication du désamour qui naquit pour ce cinéaste qui reste et restera l'un grands metteurs en scène du 20ème siècle, perdu un jour dans ses propres délires.
La piste aux Lapins :
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