De: Sam Raimi
Prequel du Magicien d'Oz de Victor Flemîng, qui fut en 1939 une vraie révolution en technicolor, le film de Sam Raimi arrive enfin sur nos écrans. Plusieurs réalisateurs se sont succédés sur ce projet avant que Disney ne choisisse celui qui donna à Spiderman un accueil critique et public exceptionnel. Pour ma part, j'ai toujours trouvé la trilogie de l'homme araignée beaucoup trop consensuelle et ricaine à mon goût. Mais Raimi est un brillant metteur en scène.
L'accueil par la presse du film est plutôt bon et met l'accent sur une comparaison avec le "Alice au pays des merveilles" de Tim Burton, que j'ai détesté, soulignant que cet Oz est moins laid, plus inspiré, et parsemé de clins d'oeils malins...Bon, soyons clairs, le début du film est très réussi, en noir et blanc, l' introduction du charlatant qu'est Oz fait référence à tout un pan du cinema. Et l'évidence s'impose dès ces premières scènes, James Franco était un choix génial. Sa bouille de beau gosse au sourire charmeur et regard faux cul collent parfaitement au rôle. Il est l'atout principal du film et porte les meilleures séquences par sa roublardise et son coté petit garçon chenapan.
Le problème c'est que c'est bien la seule véritable réussite du long métrage. Les couleurs criardes du pays d'Oz sont en effet tout aussi écœurantes et fake que celles d'Alice. C'est assez moche en fait et là où le carton-pâte pouvait avoir du charme, les décos, arbres, champs, fleurs en image de synthèse donnent plutôt envie de fuir de ce pays d'Oz. On se demande d'ailleurs bien comment le magicien peut avoir envie de passer sa vie avec une sorcière niaise avec une couronne ridicule de Miss France sur la tête, ou une poupée de porcelaine plus chiante qu'une diva, ou un singe ailé un peu con et naïf ...ce pays d'Oz est un enfer.
La présentation des populations fringuées comme dans le film d'origine fait flipper. Ok c'est un hommage mais le film d'origine a 74 ans ! Et l'imagerie aurait pu évoluer et s'adapter au public actuel. Les habitants du pays d'Oz sont tout simplement à baffer. La découverte du pays en lui même est plutôt expédiée, limitant la féerie à ces châteaux d'émeraude toc, comme construits en faux bijoux de verre pour petites filles. Enfin la méchante sorcière est particulièrement ratée, caricaturale et pas effrayante du tout. Le film est donc fait pour les enfants mais même eux risquent de s'emmerder ferme et de rêver de devenir serial killers dans ce bon vieux pays d'Oz, histoire de liquider deux trois insupportables nains ou idiots du village...gratuitement. La sécurité à l’entrée des parcs Disney devrait se renforcer ...
Bref, la notion de poésie et d'imaginaire est subjective mais je ne pensais pas que celle des vieux Disney ringards reviendrait aussi vive.Alors bien sûr, il y a un sous texte sur le pouvoir du cinéma, sa capacité à faire croire aux gens en des choses tellement fortes, tellement belles que tout peut aller mieux après...plus balourd que celà, tu meurs. Terry Gilliam sait suggérer ce genre de message avec finesse, complexité dans un beau bordel fascinant. Là, tout est propre et idiot, avec des personnages sans aucun intérêt, aucune profondeur et un côté obscur tellement gentil que j'ai failli vomir du sucre d'orge.
C'est donc un film sans personnalité, lisse et vieillot que nous a livré Sam Raimi. On l'a connu plus Rock'n'roll avec ses Evil dead. Disons que lui aussi a du la trouver la montagne d'or dans laquelle James Franco se plonge, mais probablement dans le palais de la belle au bois dormant des parcs Disney, quitte à y perdre son âme. Il aurait mieux fait de fuir vers de tout autres cieux...il rejoint ainsi Tim Burton dans la cour des grands qui se sont totalement laissés bouffer par le fric et la paresse.
La piste aux Lapins :
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