De: Paolo Sorrentino
Sorrentino revient dans sa ville natale pour réaliser son film le plus personnel, qui mêle le destin et la famille, le sport et le cinéma, l’amour et les illusions perdues.
Paolo Sorrentino est l'un des grands réalisateurs italiens du moment, qui tourne à l'international et nous a livrés L'Ami de la famille (2006), puis Il Divo (2008) sur l'homme politique italien Giulio Andreotti, This Must Be the Place avec Sean Penn, La Grande Bellezza sur un écrivain romain désabusé, qui reçoit l'Oscar et le Golden Globe du Meilleur Film étranger en 2014 et enfin le sublime Youth où Michael Caine et Harvey Keitel interprètent deux amis artistes au crépuscule de leur existence, un film magnifique. Puis il va marquer les critiques avec sa série en deux saisons géniales sur un Pape jeune mais ultra conservateur joué par Jude Law avec The Young Pope puis THe New Pop tout aussi excellente avec en plus le trop rare John Malkovich.
De par ses thématiques variées, sa mise en scène fluide et très esthétique, usant de bande son toujours originale et de scènes surréalistes venant agrémenter des rêves des personnages, Sorrentino a trouvé son style, assez vite reconnaissable.
Vous retrouverez tout ceci dans cette production Netflix, prête à conquérir de nombreux prix début 2022 après son Lion d'argent à Venise en septembre dernier, car c'est probablement l'un de ses meilleurs si ce n'est son meilleur film.
"La main de Dieu" raconte son histoire à lui, totalement autobiographique, d'un jeune adolescent qui trouva sa voie après un drame familial d'une violence que je ne connaissais pas avant de lire sa bio, après le visionnage. En se livrant ainsi, Paolo Sorrentino nous offre un magnifique hommage à la création, à la liberté et l’insouciance de son adolescence et surtout à ses parents.
Toni Servillo et Teresa Saponangelo sont à tomber par terre et ne pourront que vous rendre fans absolus de leurs personnages, de leurs trahisons, leurs mensonges, leurs fêlures. Le regard sur ses parents de Sorrentino est tendre sans être trop mélancolique car il leur rend vie à travers ces deux portraits iconoclastes. Cette mère blagueuse qui fait des canulars est géniale, ce père volage communiste et banquier est excellent et haut en couleurs. Et toute la familia italienne autour donne lieu à des scènes où l'on est hilares.
Le film est au début très lumineux et très drôle et bien sur le réalisateur choisit la nuit pour les scènes de drame et post drame et le crépuscule pour son entrée dans l'âge adulte.
Filippo Scotti crève l'écran dans le rôle du réalisateur, à la fois naïf et solaire, qui découvre la vie peu à peu. On peut lui prédire une belle carrière.
Je rassure les non fouteux, Maradona n'est qu'un prétexte à un superbe film sur les illusions perdues de l'adolescence, la fin de l'enfance forcée avec toute une galerie de personnages denses, complexes ou tout simplement tellement originaux que le film passe à une vitesse incroyable.
On touche du doigts la solitude et le manque qui ont amené à façonner l'artiste qu'est devenu Paolo Sorrentino aujourd'hui.
Et c'est d'autant plus émouvant qu'avec ce film, il semble parler à ses parents et leur dire "voyez ce que vous m'avez transmis ! voyez ce que je suis devenu grâce à vous ! Pour tout cela je vous aime ". Il est difficile de ne pas être ému par ce message après avoir tant croqué la vie avec lui dans ce Naples magnifié.
Un film sublime.
La piste aux Lapins :
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