De: Shaka King
Focus sur l'ascension de Fred Hampton, militant politique afro-américain, membre du Black Panther Party dans l'Illinois, décédé en décembre 1969 à l'âge de vingt-et-un ans.
On a vu plein de documentaires voir de films sur la lutte pour les droits civiques, des destins de Martin Luther King à celui de Mohamed Ali ou Malcom X.
Mais cette histoire est moins connue en Europe puisqu'elle se situe 4 ans après l'assassinat de Malcom X et à peine un an après celle du célèbre pasteur.
Daniel Kaluuya, après Get Out, Queen and Slimet Black Panther, montre qu'il est l'un des jeunes acteurs de la trentaine qui monte à Hollywood. Il incarne le "messie" du film avec un mélange de violence recluse, de révolte et de sagesse assez remarquable.
Lakeith Stanfield est lui aussi une star de montante et joue à merveille la nuance de ce personnage infiltré au sein des black panthers et qui se trouve tiraillé entre la contrainte du FBI avec un Jesse Plemons toujours parfait, et l'idéologie qu'il commence à intégrer réellement.
Son personnage est vraiment intéressant car il débute comme petite frappe sans idées et se créé une conscience politique au fil de l'histoire qu'il tisse avec Fred Hampton mais aussi au fil des exactions policières. Cette Police blanche toute puissante qui saccage des locaux politiques et tire sur la foule ou sur des militants, les tuant de sang froid, c'est hélas le témoignage d'un passé pas si lointain. Et ce passé on le voit de la même manière dans le « Mangrove » (anthologie Small Axes) de Steve McQueen que dans les violences meurtrières de la police aux Etats-Unis. Sauf que la mort de Georges Floyd et l'impunité de ce racisme toujours bien ancré, c'est 46 ans après et c'est aujourd’hui.
Forcément, "Judas and the Black Messiah" raisonne différemment aujourd'hui après l'année 2020 et les émeutes ayant suivi la mort de Georges Floyd.
Les blacks panthers sont certes décrits plus comme des militants politiques que comme un clan capable de violences mais d'une part le film ne ment pas et cite leurs exactions et surtout il montre l'oppression qui a amené à celà. L'influence de John Edgar Hoover, patron du FBI bien raciste, incarné par un Martin Sheen méconnaissable, explique à elle seule le combat inégal de cette population. Le film montre également comment Fred Hampton tenta d'élargir le débat et le sujet au niveau politique, faisant de son combat une lutte non réservée aux noirs mais aussi aux latinos, aux pauvres.
C'est donc un très bon film, pas différenciant par sa qualité de mise en scène mais très solide de par son scénario, ses acteurs et ce qu'il témoigne. A voir !
La piste aux Lapins :
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