De: Xavier Giannoli
Casting impeccable pour cette adaptation d'Honoré de Balzac, pas la plus connu_e mais étrangement d'une grande contemporanéité. Xavier Giannoli s'est attaqué à un gros morceau et s'en sort très bien.
Qu'importe, le matériau du livre est là et l'histoire qu'il nous raconte est passionnante.
C'est celle d'un parvenu, d'un petit poète de province qui monte à Paris et parcequ’il a un peu de talent et une belle gueule va pouvoir accéder à des cercles normalement inatteignables. C'est l'histoire d'un Icare, d'une ascension sociale extraordinaire au prix de bien des sacrifices moraux.
Benjamin Voisin trouve là un premier rôle d'ampleur et prouve que c'est l'un des jeunes premiers du ciné français que l'on va revoir. Il est juste, entre naïveté et perversion et incarne parfaitement ce jeune home qui pète un plomb.
A ses cotés Cécile de France est comme toujours brillante et Vincent Lacoste incarne un écrivain raté transformé en journaliste odieux.
Il personnalise toute la veulerie que Balzac détestait chez les journalistes de son époque, qu'il portait très peu voir pas du tout en estime.
L'absence de morale et les faux semblants sont glaçants de cynisme. Ou comment une sous caste fait fortune en déversant son fiel, ses collets sur les livres et pièces de théâtres qu'ils commentaient ou sur des personnages publics.
Le film est passionnant pour retranscrire cette époque charnière entre Napoléon et la monarchie restaurée et l’opposition des deux intelligentsia.
Xavier Dolan est comme toujours excellent quand il joue et son personnage ambigu qu'on ne sait pas situer, ajoute une touche de suspens et de bonnes surprises.
La reconstitution du Paris de ce second quart du 19ème est bluffante de vérité, et Xavier Giannoli choisit d'en faire une sorte de danse qui virevolte et tourbillonne jusqu'à représenter l'étourdissement du personnage qui perd pied devant son succès.
Les thématiques restent incroyablement modernes et la cruauté médiatique d'aujourd'hui n'a rien à envier à celle de l'époque.
Une très belle réussite.
La piste aux Lapins :
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