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Birdman

De: Alejandro González Iñárritu



J'attends ce nouveau long métrage du mexicain depuis l'annonce que j'avais faite de son casting il y'a deux ans. Il faut dire que l'idée de prendre Michael Keaton, ex Batman de Tim Burton, pour jouer un ex acteur "super-héros", has been qui tente de relancer sa carrière à Broadway, c'est juste génial.


Ensuite voir Alejandro González Iñárritu prendre un vrai risque et délaisser son cinéma sombre (Babel, Amours chiennes, 21 grammes) pour une comédie ne pouvait qu'exciter votre dévoué blanc lapin.


Après il y'a eu l'accueil triomphal au festival de Venise jusqu'à ses quatre oscars la semaine dernière.


Le film est en effet une réussite même si certains reprocheront à Iñárritu ce qu'on lui assène à chaque fois, à savoir son manque de retenue, son côté bourrin et bigger than life. C'est vrai qu'il en fait des caisses. C'est vrai que l'idée de tourner uniquement en longs plans séquences peut faire poseur mais moi j'adore car le film est généreux. Il est certes monté pour récolter des prix avec sa thématique et ses acteurs tous excellents mais pourquoi bouder son plaisir ?


Edward Norton n'a pas été aussi bon et présent depuis des lustres, Naomi Watts est parfaite en écorchée et Michael Keaton trouve le rôle de sa vie, à mi chemin entre introspection personnelle et fiction. Il est juste excellent de bout en bout. Iñárritu va donc se moquer du milieu du show bizz, des critiques de théâtre élitistes qui préfèrent mettre tout Hollywood dans un sac d'égocentriques enfants-gâtés plutôt que de leur laisser une chance. Il nous parle aussi de la difficulté de survivre dans ce métier d'acteur où tout le monde s'adore en apparence mais où tout le monde est concurrent. Keaton incarne donc cet être qui a pété les plombs plus jeune en atteignant les sommets de la gloire puis qui a subi une chute d'Icare, et enchainé une carrière peu reluisante jusqu'à avoir la cinquantaine et être au pied du mur. La blessure narcissique du personnage est vraiment belle à contempler. Il tente de se refaire en montant une pièce dont il sera le rôle titre et qui lui permettra de prouver qu'il sait jouer.


Ou comment se défaire de l'étiquette du rôle de sa vie que lui colle encore le public 20 ans après ? Birdman parle de tous ces acteurs emprisonnés par un succès et qui n'arrivent jamais à s'en sortir par le haut, plantant toute leur carrière ainsi que leur vie familiale. On y voit tout l'égocentrisme d'un homme qui a voulu retrouver sa flamme et qui pour cela a gâché sa vie personnelle, sa vie de père, jusqu'à perdre toute identité.


L'utilisation d'effets spéciaux en plein film d'auteur est aussi quelquechose de particulier dans le long métrage. Elle permet de coller parfaitement au personnage et à l'imprégnation mentale de son double à l'écran, celui qui lui a permis de s'envoler et qui fait que si il redécolle, il ne souhaitera surtout plus jamais revivre l'abandon du public et les affres de la descente aux enfers. La poésie côtoie le surréalisme de certaines scènes avec jubilation. Ce personnage est à la fois touchant et insupportable. C'est un type centré sur lui mais d'une telle solitude qu'on finit par s'attacher. Iñárritu le ridiculise pour mieux le suivre de plus près, avec toute la force du plan séquence qui nous met dans l'esprit que la vie est un théâtre continu où le combat est permanent.

Le film est drôle, souvent cynique, parfois dingo, d'une grande maitrise technique et toujours surprenant. On pourrait même dire qu'il est baroque et parfois agaçant mais c'est ce qui fait que le film est très bon. Ce regard de l'intérieur des coulisses d'un théâtre est une intrusion au cœur d'un univers barré et composé d'êtres très particuliers...un cirque d'égos délirants et touchants à la fois.


Alejandro González Iñárritu a signé un film formellement brillant, audacieux, une leçon de cinéma, aidé par un casting à hauteur d'un sujet fort. Un vraie grande réussite et la récompense d'un beau pari de mise en scène.


La piste aux lapins :








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