De: Morten Tyldum
"Imitation game" est un film parfait pour les oscars. L'histoire d'Alan Turing, mathématicien au caractère limite autiste, acariâtre et antipathique avec ses condisciples est juste fascinante. Lorsqu'on ne connait pas les détails, comme je l'avoue humblement, du décryptage de la machine nazie Enigma par un génie aussi particilier, on ne peut qu'apprécier "Imitation game", à titre informatif. Ce destin exceptionnel caché du grand public jusqu'en 1995 est déroutant puisqu'une poignée d'individus ont probablement fait basculer le cours de l'histoire.
Le gouvernement Britannique décide donc, pour remporter la guerre, de percer le secret de la machine de cryptage allemande Enigma. Elle constitue une équipe de scientifiques dont Alan Turing va prendre la tête. Le film s'intéresse particulièrement au destin atypique de ce personnage brillant coupé du monde et va chercher à expliquer le pourquoi de cette suffisance et de ce détachement du genre humain.
On suivra ainsi son intégration malgré un fort handicap en terme de sociabilisation, porté par un Benedict Cumberbatch parfait comme toujours. Sa palette de jeu trouve tout son écho dans ce rôle de génie solitaire qui a perdu tout ce qui le rattachait aux sentiments courants et tout espoir d'être heureux. La complexité du personnage est la plus grande réussite dans le rendu du long métrage.
Le film ira jusqu'à sa marginalisation pour son homosexualité, renvoyant l'histoire à son contexte et le mettant habilement en parallèle aux progrès effectués dans nos sociétés contemporaines. Mais il est vrai que le long métrage réserve en fait peu de surprises, et s'avère linéaire dans sa mise en scène, relativement discrète.
Le classicisme de cette production est donc sauvée par son sujet, intéressant et par ses acteurs, dont Matthew Goode, qu'on voit trop peu. Mais disons que l'ensemble manque d'un souffle et d'un caractère dans la réalisation. Le déroulé de l'histoire est assez scolaire et la forme d'un certain manque d'originalité. "Imitation game" est un bon film du dimanche soir. Vous passerez un moment pas désagréable puis vous oublierez l'essentiel car le fond du film reste très light. Dommage.
La piste aux lapins :
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