De: Roy Andersson
A 72 ans, le suédois Roy Andersson, rare au cinéma, termine sa trilogie entamée avec "Chansons du deuxième étage" il y a 15 ans.
Et tout en respectant son style singulier inimitable, il remporta le lion d'or à Venise en septembre 2014 !
Andersson va comme à l'accoutumée nous présenter une série de saynètes, de tableaux dans lesquelles des personnages évoluent dans un plan à la fois fixe et plan séquence, souvent avec une mine blafarde atroce. La mise en scène est si particulière qu'elle devient un personnage du film et donne aux rebondissement une amplification comique bienvenue.
Car oui, Roy Andersson, c'est drôle, très drôle même. Son humour noir et son cynisme décortiquent les sentiments généraux qui traversent l'être humain mis dans certaines situations. Il les observe de loin comme dans un tableau de maitre et l'impression en sortant du film est d'avoir vu des tableaux vivants. A chaque scène, vous vous attachez au cadre et au décors dont le moindre détail est pensé. Certes le film peut paraître lent du fait du style même d'Andersson mais l'enchainement des scènes évite en général cet écueil. Ces dernières sont liées entre elle par deux personnages, vendeurs pathétiques de farces et attrapes.
Et puis le film s'assombrit peu à peu pour devenir cruel et sans concessions sur les limites de l'humanité et l'atrocité dans laquelle des hommes en groupe ou en castes peuvent tomber. Le pathétique, l'absurde côtoient ces vies sans panache, sans courage, sans objet et c'est jouissif car Roy Andersson ne les condamne pas, il les observe juste de façon détachée et distante. Le surréalisme vient même mélanger les époques pour mieux faire ressortir l'intemporalité de certaines sentiments humains.
Et puis surtout, Roy Andersson c'est un cinéma original, vraiment différent de tout ce que vous voyez, on est loin du film social, du film Marvel, du film de guerre, d'un genre quel qu'il soit puisque ce style n'existe que chez lui ! L'artiste risquant de ne plus tourner (il a réalisé 5 films dans toute sa carrière), vous seriez inspirés de tenter la visite de son musée décalé...
La piste aux lapins :
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