Tom Cruise chez Iñárritu, teaser de « Digger », événement 2026
- Blanc Lapin
- il y a 1 jour
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 heures

Avec Digger, Tom Cruise semble enfin s’éloigner du cinéma d’action frontal et héroïque qui a largement défini sa filmographie récente. Le projet, longtemps développé sous le titre de travail Judy, se présente comme une œuvre bien plus décalée, flirtant avec l’absurde et la satire, comme l’a confirmé le premier teaser dévoilé par Warner Bros. Loin des explosions et des cascades spectaculaires, ces premières images suggèrent une comédie étrange, presque déroutante, portée par une mise en scène volontairement minimaliste et chorégraphiée.
Depuis le début des années 2010, Cruise a enchaîné des variations autour d’un même type de personnage : figures d’autorité, soldats, agents d’élite ou héros confrontés à des menaces existentielles, qu’il s’agisse d’aliens, de conspirations internationales ou de fins du monde imminentes. Digger semble précisément jouer avec cette image, voire la détourner. L’acteur y incarne un homme présenté comme l’individu le plus puissant de la planète, persuadé d’être le sauveur de l’humanité, mais dont l’entreprise grandiose paraît surtout annoncer un effondrement généralisé.
Aux commandes, Alejandro González Iñárritu poursuit une filmographie marquée par des œuvres fortes et radicales. Révélé avec Amours chiennes, il s’est imposé comme l’un des auteurs majeurs du cinéma contemporain avec 21 grammeset Babel, avant de connaître une reconnaissance mondiale avec Birdman, satire vertigineuse du milieu artistique qui lui a valu deux Oscars majeurs, puis The Revenant, expérience sensorielle extrême récompensée à son tour par l’Académie. Plus récemment, il s’est aventuré sur des terrains plus personnels et expérimentaux avec Bardo, fausse chronique de quelques vérités, confirmant son goût pour les récits introspectifs et déstabilisants.
Le cinéaste, qui revient ici à une production hollywoodienne d’envergure après plusieurs années d’absence, a toujours insisté sur la dimension burlesque et anarchique de Digger, davantage pensé comme une comédie hors normes que comme un blockbuster traditionnel. Le teaser va clairement dans ce sens : on y découvre le personnage principal évoluant dans un appartement puis sur une structure évoquant un ponton face à l’océan, armé d’une simple pelle, dans une suite de mouvements quasi dansés. Cruise apparaît transformé, presque méconnaissable, notamment grâce à un travail physique et esthétique qui rompt avec son image habituelle.
Peu d’éléments narratifs ont filtré, mais le choix musical — O Green World de Gorillaz — installe une atmosphère de fin de civilisation teintée d’ironie. La chanson, associée à un univers post-apocalyptique dans son clip d’origine, alimente les spéculations autour des thèmes du film : hubris humaine, destruction, possible renaissance, ou encore regard caustique sur notre rapport au pouvoir et à la planète. À ce stade, tout reste volontairement ouvert.
Ce que l’on sait en revanche, c’est que Digger est le fruit d’une collaboration prestigieuse. Iñárritu a coécrit le scénario avec ses partenaires de Birdman, Nicolas Giacobone et Alexander Dinelaris, ainsi qu’avec Sabina Berman. Derrière la caméra, Emmanuel Lubezki, chef opérateur multi-oscarisé, apporte sa signature visuelle, gage d’un travail formel ambitieux. Le tournage a démarré en décembre dans les studios Warner de Londres, pour une sortie fixée à l’automne 2026.
Le casting, particulièrement impressionnant, confirme l’ampleur du projet : Sandra Hüller, Jesse Plemons, Riz Ahmed, John Goodman, Michael Stuhlbarg, Emma D’Arcy et Sophie Wilde entourent Cruise dans ce qui s’annonce comme une fresque chorale aussi étrange que dense. Il s’agit également du premier film de l’acteur avec Warner Bros depuis plus d’une décennie, marquant une nouvelle étape dans sa carrière alors qu’il entame la soixantaine avec l’envie manifeste de bousculer son image.
À travers Digger, Iñárritu semble puiser dans une tradition plus ancienne du cinéma hollywoodien, évoquant à la fois les thrillers et satires des années 50-60, tant par son esthétique graphique que par son goût pour la fable morale. Si le film promet une « comédie d’une ampleur catastrophique », il pourrait surtout offrir à Tom Cruise l’un de ses rôles les plus inattendus — et les plus risqués — depuis très longtemps.



Commentaires