De: Nicholas Winding Refn
Le retour du réalisateur de "Drive" a de nouveau divisé la croisette à Cannes cette année, comme il l'avait fait avec "Only god forgives" il y a trois ans. Il faut dire que son concept est tout autant basé sur de la pure mise en scène, beaucoup d’esbroufe et une stylisation qui cannibalise parfois le propos. Celles et ceux qui veulent revoir un duplicata de Drive en seront donc pour leurs frais. Refn ne fera peut être plus de film aussi "grand public" et si "Bronson" était très bon et construit, on oublie souvent son "Valhalla Rising, le Guerrier silencieux" qui était bien perché et se foutait des conventions narratives.
Ici avec, "The Neon Demon", le scénario est tout aussi mince que dans le précèdent opus mais personnellement, je m'en fout. Car Winding Refn est juste brillant dans sa façon de raconter son histoire, de sublimer ses personnages, de créer une tension morbide dans cette histoire parfois lesbienne, parfois un peu gore mais jamais vraiment ultra trash. Ça ne dégouline pas de partout car il veut juste nous exposer sa vision de l'asservissement du corps à une beauté irréaliste définie par quelques grands meneurs d'opinion du milieu. Le culte de la perfection est montré d'une façon si morbide que le film en devient vraiment troublant et marque la rétine de longs jours après son visionnage.
Elle Fanning est excellente en jeune ingénue, pas agaçante pour être tête à claque, pas naïve non plus mais juste qui a la vie devant elle et un charisme tel que rien ne peut lui résister. Et pourtant, elle va se confronter à la jalousie, à l'envie d'autres mannequins, cyniques, frustrées, névrosées.
Winding Refn rend évidemment hommage au cinéma bis de Dario Argento mais surtout se fait énormément plaisir en étant radical dans ses choix. Il se tape complètement de l’accueil critique qu'il va jusqu'au bout de son fantasme. The Neon Demon impressionne par diverses scènes inventives visuellement, dont les codes remplacent bien des dialogues qui seraient tombés à plat. Le film est ultra léché et vous met quelques coups de poing dans la gueule sans vous avertir et c'est excellent comme sensation, d'enfin ne pas se sentir en milieu balisé, dans un style donné de film d'auteur mais bien dans un univers en mouvement. J'imagine d'ailleurs très bien Winding Refn tourner son film sans savoir exactement quelle serait sa fin.
Le film est par ailleurs souvent marrant, bourré de métaphores. Il se déroule de façon si fluide et utilise si bien la froideur de l'imagerie clipesque que son dénouement est d'autant plus glaçant.
"The Neon Demon" est un grand film esthétique sur l’obsession, la paranoïa, la concurrence et la vacuité de nos nouveaux dieux, mannequins éphémères, photoshopés et d'une tristesse sans nom.
Un coup de maitre.
La piste aux lapins :
Terrence Malick
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