De: Eric Rochant
Le pitch : Grégory Lioubov, officier des services secrets russes est chargé de trouver le moyen de faire tomber un homme d'affaire russe. Installé à Monaco avec son équipe, il va recruter Alice, une jeune requin de la finance qui travaille pour sa cible. Mais Grégory va entrer en contact direct avec elle et entamer une liaison, rompant la règle d'or qu'on lui a toujours inculquée...la passion va naitre entre eux et tout remettre en cause...
Le retour d'Eric Rochant, après six ans d'absence, s'effectue en force, le réalisateur français nous livrant un film d'espionnage digne de ses ainés américains, avec un truc en plus.
L'auteur d"Un monde sans pitié" nous avait déjà montré il y a presque 20 ans avec "Les patriotes", qu'il savait mener de bout en bout une histoire d'espionnage en rendant son univers des plus secs, inhumains et crédibles dans les rapports entre agents. On retrouve ici la même signature mais avec un cadre différent des services secrets israéliens puisqu'ici c'est le cynisme de la haute finance internationale qui mène la danse. En ceci le film est nettement plus incisif que "Le capital" de Costa Gavras, alors même que le sujet n'est pas là. Mais son approche est juste et plus fine.
Le grand atout du long métrage c'est d'allier mise en scène au cordeau, avec une tension de bout en bout, empruntant aux classiques de l'espionnage mais avec des espions et des personnages de chair et de sang. Jean Dujardin est très loin de ses rôles de comiques et rappelle qu'il est bon acteur dans tous les registres. Crédible en homme tiraillé entre la fidélité à son père spirituel et l'amour naissant, son visage exprime très bien le doute qui s'installe, là où pourtant ce n'était pas gagné. On a tellement l'habitude de le voir utiliser son visage élastique pour faire rire, que l'agent Oss 117 aurait pu flinguer cet agent très sérieux.
Quant à Cécile de France, outre qu'elle est toujours aussi belle et méconnaissable les cheveux blonds et mi longs, elle trouve à nouveau un rôle à la mesure de son talent. L'alchimie des deux acteurs était indispensable et elle se voit à l'écran. Ce qui manque souvent dans les films d’espionnage c'est l'humain car le genre retranscrit des individus se comportant comme des êtres de sang froid. Ici les scènes d'amour sont sensuelles et touchantes. L'armure des deux personnages si sûrs d'eux, qui se fendille, donne au film un très beau souffle, et transforme un thriller super bien mené en une histoire d'amour poignante.
Möbius est un film sophistiqué, précis, humain et au déroulé implacable, où l'intime se mêle à la manipulation avec classe. On suit le ruban sans se douter de l'issue. Une grande réussite.
La piste aux Lapins :
Terrence Malick
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