De Cédric Kahn
En avril 1976, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.
Cédric Kahn signe un grand film de procès, à la facture très classique, plus classique que la Palme d'Or "Anatomie d'une chute" mais avec un reflet politique d'une époque, celle des années 70, assez forte en soit pour faire oublier le classicisme.
Car c'est un procès très politique à une époque où l’extrême gauche radicale et violente a commis des attentats et se trouve soutenue au moins en partie par une intelligence parisienne avec des artistes de renom comme Simone Signoret.
Le film est très intéressant puisque le grand demi-frère de Jean-Jacques Goldman, le chanteur, était un personnage haut en couleur, clamant tant ses idéaux révolutionnaires que ses origines juives polonaises. Ce qui surprend c'est que derrière la violence verbale et l'énervement du personnage, qu'on devine avoir continuellement fait des sorties de pistes de par son caractère trempé, il y a aussi un homme qui a des convictions et une forme de morale. Il explicite très bien qu'il met la barrière entre le bien et le mal à un autre niveau que le français moyen puisqu'il reconnait ses braquages mais qu'attenter à la vie d'innocent est impossible pour lui. impossible de part l'éducation qu'il a reçue d'un père héros de la résistance et des principes, des valeurs auxquels il tient. Et c'est tout l’intérêt du film et sa dynamique passionnante que de voir un emballement de la machine judiciaire et de l'accusation, de la police pour avoir trouvé un coupable idéal qui coche toutes les cases mais dont les preuves de la culpabilité sont légères.
Le film s'intéresse alors au racisme qui déjà à l'époque irriguait la société française mais aussi à la difficulté de témoigner lorsque l'on est lancé dans la machine et que la mémoire comme l'auto-persuasion et le contexte de l'interrogatoire peuvent influencer les témoins, sans même qu'il y ait la moindre idée de complot de derrière.
Un film d'une rigueur et d'une droiture d'une grande maitrise.
La piste aux Lapins :
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