De: Matt Reeves
Il y'a trois ans, le reboot de la célèbre série "La planète des singes" par Rupert Wyatt avait surpris tout le monde. En effet, si le film original de 1969 avec Charlton Heston est et reste un chef d’œuvre, les suites demeurent de piètre qualité et la tentative de Tim Burton fut un four artistique en 2000. Mais là, l'utilisation de la performance capture donnait une nouvelle dimension à l'histoire et l'avancée technologique s'avérait être un véritable atout, allié à un très bon scénario.
Ce qui fit donc le succès de ce blockbuster pourtant craint se retrouve en partie seulement dans cette suite réalisée par le metteur en scène du film de monstres "Cloverfield".
Le décalage et les progrès techniques sont visibles et sautent aux yeux dès le début. La finesse des poils, la fluidité des mouvements sont bluffants. Andy Serkis, qui est devenu mondialement célèbre pour ses rôles de Gollum, King Kong ou Capitaine Haddock, est LA star de ce film et son incarnation de César montre au monde entier qu'il s'agit bien de jeu au sens le plus noble. C'est seulement qu'il a compris avant tout le monde l'étendue de la palette d'acteur qui s'ouvrait grâce à cette technologie où l'acteur s'efface derrière le personnage et son apparence physique pour mieux l'habiter. Serkis a par ailleurs monté sa boite de production d'effets spéciaux et non seulement assure le travail créatif sur les singes avec ses équipes mais revend aujourd'hui ses prestations aux blockbusters dans lesquels il tourne, y compris Star Wars VII. Malin comme un singe...
Passée cette indéniable réussite, que nous raconte le film ? Quelques années après que le virus ait décimé une très grande majorité de la population humaine, les rescapés tentent de se reconstruire. Exit James Franco et place à un casting dont seul Gary Oldman est connu. Jason Clarke assure le lead, lui qu'on a découvert dans de nombreux films ses dernières années dont "Zero dark Thirty", "Des hommes sans loi", et que sera du cinquième Terminator en 2015. Il fait le job.
Les singes se sont créé une mini société autour de leur charismatique leader, César et détestent tout comme craignent les hommes, leurs anciens maitres. Certains n'ont gardé que la cruauté de leurs maitres en tête tandis que César est plus tempéré.
L’affrontement n'est pas loin et l'équilibre sera difficile à maintenir. Le contexte est donc toujours basé sur des rapports sociaux entre dominants et dominés, classe sociale auparavant surpuissante et exploratrice et asservis qui découvrent la liberté, l'indépendance et le droit à l'égalité. C'est tout ce qui fait le charme et l'intérêt de cette SF très ancrée dans la mode des seventies. Matt Reeves est doué dans sa réalisation, et se débrouille pour rester fluide dans des scènes de combat complexes à gérer.
Mais voilà, il manque l'autre ingrédient du précédent film, à savoir un scénario original. Le film est manichéen, avec ses bons... très bons et ses gentils...très gentils, des deux côtés. Aucune finesse n'est laissée à part celle de César. Le propos ne vole pas très haut et surtout on s'y attend. On s'attend à l'évolution de chaque personnage. Les clichés sont assez nombreux et seule la technologie arrive à vous scotcher au fauteuil, ce qui est déjà pas mal, mais est ce suffisant ?
Certes Matt Reeves passe de scènes intimistes à des scènes de conflits armés avec aisance mais encore une fois ce n'est pas tant lui qui est responsable de cette impression amère mais plutôt les scénaristes, qui ne se sont pas franchement cassés pour trouver une quelconque originalité ou angle de récit qui surprenne un peu le spectateur. Les métaphores sont lourdes, simplistes, et les héros humains un peu trop clean pour déclencher un quelconque attachement à leurs fadasses problèmes existentiels.
C'est dommage. Espérons que Matt Reeves aura davantage la main sur l'écriture du troisième volet.
La piste aux Lapins :
Terrence Malick
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