De Valérie Donzelli in très particulier jusque dans des décors de la maison, des papiers peints, du mobilier qui nous plongent dans une époque où il était plus compliqué pour une femme d'agir.
Quand Blanche croise le chemin de Grégoire, elle pense rencontrer celui qu’elle cherche. Les liens qui les unissent se tissent rapidement et leur histoire se construit dans l’emportement. Le couple déménage, Blanche s’éloigne de sa famille, de sa sœur jumelle, s’ouvre à une nouvelle vie. Mais fil après fil, elle se retrouve sous l’emprise d’un homme possessif et dangereux.
Découverte avec La Guerre est déclarée en 2010, Valérie Donzelli n'avait pas véritablement transformé l'essai avec ses quatre films suivants dont le dernier, Notre Dame, était franchement mauvais.
Il faut croire qu'il lui aura fallu un matériau de base de qualité avec l'adaptation du prix Renaudot 2014, pour enfin revenir à son meilleur. Le roman d'Éric Reinhardt trouve ici une adaptation extrêmement réussie où la réalisatrice met mal à l'aise le spectateur en l'enfermant avec la victime, cette femme quarantenaire qui découvre trop tard l'ultra possessivité d'un mari rencontré sur le tard. Valérie Donzelli use de filtres qui nous rappellent les pellicules du début des années 80 avec un grain très particulier jusque dans des décors de la maison, des papiers peints, du mobilier qui nous plongent dans une époque où il était plus compliqué pour une femme d'agir.
Évidemment Virgine Efira est brillante de subtilité de bout en bout comme à son habitude, laissant apparaitre sur son visage des doutes aussi bien que des ressentis intérieurs qu'elle n'exprime pas face à son mari qui la fait douter puis la terrorise. Cette peur dans le regard comme sa détermination ou ses questionnements passent beaucoup par des non-dits et c'est aussi fort que sa prestation dans "Revoir Paris", qui lui a valu un César de meilleure actrice très mérité.
Face à elle, Melvil Poupaud est extraordinaire et trouve l'un de ses meilleurs rôles. Évidemment il a été brillant chez Eric Rohmer (Conte d'été), Raoul Ruiz (Le temps retrouvé), Noémie Lvovsky (les sentiments), François Ozon (le temps qui reste, Grâce à Dieu), Arnaud Despleschin (Un Comte de Noêl), Pascal Thomas (Le crime est notre affaire), Xavier Dolan (Lawrence Anyway),Justine Triet (Victoria), la série OIvni(s) et tout en ce moment même chez Maiwen (Jeanne du Barry).
Mais jamais ce côté pervers et fou dans son regard n'avait été exploité de la sorte. On a souvent utilisé sa silhouette longiligne, sa voix lourde et la duplicité qu'il est capable d'instiller dans son jeu, où on ne sait jamais si le personnage est sincère ou si l'intelligence qui l'anime cache autre chose. Ici Donzelli capte toutes ces nuances de jeu de Melvil Poupaud pour construire un monstre mais un monstre toujours à la limite.
Il ne frappe pas sa femme pendant toutes ces années, ce qui l'aurait rendu caricaturalement détestable rapidement. Non, sa violence mentale est perfide, son emprise s'insinue lentement comme un poison qui détruit sa femme. Il a même conscience de son obsession mais on ne sait jamais si il est sincère ou juste manipulateur pour retrouver son emprise plus fortement encore. Son jeu et vraiment brillant et pourrait lui valoir un César, ce serait amplement mérité.
Ce thriller psychologique est à voir de toute urgence.
La piste aux lapins :
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