De: François Ozon
François Ozon est l'un des cinéastes français les plus prolifiques et les plus doués, ce qui nous vaut quasiment chaque année un nouvel opus. Mais Ozon est aussi capable de mélanger les genres ou d'en changer, passant de la comédie pure avec "Potiche" ou "8 femmes" au thriller psychologique ("Dans la maison", "Sous le sable"), en passant par le drame pur "Le temps qui reste", "5x2", "Le refuge", "Frantz"), l'hommage à Fassbinder ("Gouttes d'eau sur pierres brûlantes"), la provocation habile ("Jeune et jolie"), ou le fantastique ("Les amants criminels", "Sitcom", Ricky").
18 films en 20 ans de carrière...Notre stakhanoviste cinéphile national revient donc avec un film à la limite du fantastique et du thriller et nous parle de gémellité, lorgnant vers "Faux-Semblants" de David Cronenberg.
Ozon convoque Freud à travers cette histoire de jeune femme qui tombe amoureuse de son psy mais nous ballade sans cesse entre plusieurs eaux troubles, usant à la merveille de la beauté effarouchée de son actrice, magnifique Marine Vacth. Découverte dans "Jeune et jolie", elle a prouvé son grand talent d'actrice dans le récent "La confession", aux côtés de Romain Duris.
Face à elle, Jérémie Renier compose un rôle exigeant, pervers et intellectuel, frustré et mystérieux, l'un de ses meilleurs rôles. On ne dirait pas comme cela mais Jérémie Renier, découvert chez les Dardenne, est devenu l'un des plus grands acteurs français de sa génération, à la filmographie dense et exigeante.
François Ozon choisit donc de laisser au spectateur imaginer le fin mot de l’histoire, perdu entre l’apparente simplicité du récit et le fait qu'il sente un secret plus profond qui ne demande qu'à émerger. L'érotisme parcourt le film avec tous les fils nécessaires au doute qu'il entretient.
La frayeur n'est jamais loin dans chaque scène, la tension et l'imminence d'un cataclysme étant palpable.
Et puis Ozon révèle son secret. J'aurais préféré une fin moins abrupte, des liens plus évidents entre les scènes de 95% du film et le dénouement voire des effets miroirs plus évidents. C'est le seul bémol d'un film qui demeure un bon opus de François Ozon.
La piste aux lapins :
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