De: Michel Gondry
Michel Gondry a son public d'aficionados émerveillés par "La science des rêves" ou "Eternal sunshine of the spotless mind" et qui souvent l'ont des découverts par ses clips barrés de Björk.
C'est vrai que l'animal a un univers créatif singulier, une signature comme en ont des Terry Gilliam, Wes Anderson, Tim Burton ou Guillermo del Toro. Un réalisateur à l'imaginaire débridé ancré dans les effets visuels de bric et de broc, dans la nostalgie de l'enfance et de la capacité que l'on a tout petit à transformer notre quotidien par le rêve.
J'ai toujours été sensible à Gondry mais je suis resté souvent sur ma faim, ce dernier ne réussissant pas à terminer ses films, laissant le scénario en roue libre ou s'appuyant trop sur ses délires visuels et pas assez sur un épilogue qui tienne la route. "Rembobinez soyez sympa" en est le cruel exemple, 1/2 heure très bonne puis l'ennui de la répétition.
Adapter Boris Vian relevait de l'impossible. Mais confier le projet à Michel Gondry était logique. Qui mieux que lui pouvait saisir la poésie du roman de Vian et illustrer par l'image les multiples métaphores ?
Seulement voila, passées les vingt premières minutes, le défaut précité de Gondry arrive mais bien plus tôt que d'habitude et surtout bien plus fort. Il y a comme une lassitude rapide devant cet étalage d'effets visuels délirants et charmants au demeurant. A trop montrer un monde irréel et trop appuyer sur l'univers qu'il cherche à reconstruire, il finit par nous détacher des personnages au point que l'on se fout complètement de ce qui leur arrive.
L'univers de Gondry vampirise le récit et le laisse exempt de toute émotion. Et c'est un comble que la transposition du beau roman de Vian ne provoque aucun sentiment et se contente d'étaler un catalogue de trouvailles visuelles, écrasant de leur omniprésence tout le reste. A trop vouloir assurer le côté poésie, Gondry en a oublié comme d'habitude qu'il avait une histoire, des personnages à qui donner une âme. Romain Duris et Audrey Tautou sont bien trop transparents. L’enflement d'effets "façon Gondry" tue l'histoire et n'en fait plus qu'un long, très long clip qui quand il se termine, laisse une grande frustration.
Le sens de la tragédie n'est véritablement pas le fort du cinéaste. Ce défaut d'affect est véritablement le pire hommage que, l'on pouvait rendre à Boris Vian. Michel Gondry s'est planté et c'est agaçant car visuellement son film est splendide.
La piste aux Lapins :
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