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Je suis toujours là

De Walter Salles


Rio, 1971, sous la dictature militaire. La grande maison des Paiva, près de la plage, est un havre de vie, de paroles partagées, de jeux, de rencontres. Jusqu’au jour où des hommes du régime viennent arrêter Rubens, le père de famille, qui disparait sans laisser de traces. Sa femme Eunice et ses cinq enfants mèneront alors un combat acharné pour la recherche de la vérité...


Le réalisateur brésilien de Central do Brasil, Avril Brisé, Carnets de voyage et Sur la route, n'avait rien réalisé depuis 11 ans. Le voici enfin de retour.


En choisissant de raconter l'histoire vraie d'un ex député enlevé et assassiné par la dictature militaire, il livre un film important sur l’histoire de son pays et de bien d'autres en Amérique Latine à cette période là. Mais il le fait avec un angle simple, celui de la famille, du cocon familial de cette famille nombreuse de cinq enfants, qui vivent heureux malgré le bruit des bottes qu'on entend au loin. Il est possible et vital de vivre son quotidien au mieux même en dictature et il est vrai que cette famille est aisée et bourgeoise et pense encore qu'il est possible de faire valoir le droit. On va donc suivre la destruction de ce havre de paix familial et Walter Salles va nous emporter avec beaucoup d'émotion en racontant l'histoire vue de cette femme qui ne sait rien des agissements de son mari et qui essaie de survivre et de gérer ses cinq enfants.


Fernanda Torres est de quasiment tous les plans et porte le film et la résistance de cette femme sur ses épaules. L'utilisation des images de film en super 8 comme souvenirs des jours heureux est en soit une idée tout aussi simple et d'un redoutable impact. Mention spéciale également à la photographie du film. Les œuvres contre l'oubli peuvent certes avoir une part de facilité car forcément, on ne peut qu'être du côté de l'opprimé et être émus mais celle-ci le fait avec une intelligence particulière, une dignité et sans aucune lourdeur.


Je suis toujours là est bouleversant car il mêle l'intime au drame collectif d'un pays, en décrivant de façon clinique la froideur de la dictature tout en la confrontant à l'intime et qu'y a t-il de plus intime que le foyer? Ce lieu où l'on retrouve ses plus proches et se réchauffe de l'extérieur. Le symbole de cette maison vide est aussi une idée brillante. La mémoire se doit être entretenue et le cinéma sert aussi à cela. En ce sens, Je suis toujours là est effroyable de par son témoignage et son élégance.


La piste aux lapins :





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