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Photo du rédacteurBlanc Lapin

Cloclo

De: Florent Emilio-Siri


"Cloclo" était attendu depuis longtemps, suivant la mode des biopics français initiée par "la môme", "Coluche", "Gainsbourg vie héroïque", le diptyque sur Mesrine, avant de voir celui sur Yves Montand et bien d'autres figures françaises voir leur vie romancées au grand écran.

Le résultat est réussi question casting. Jérémie Renier ressemble beaucoup à Claude François. Et si son jeu s'avère quelques peu hésitant au début, il devient plus crédible par la suite pour finir par emporter l'adhésion.


Autre qualité du long métrage, il n'est pas hagiographique et à la gloire du personnage. Bien au contraire, les défauts nous sont présentés sans lissage. Il était jaloux, perfectionniste obsessionnel, maniaque, volage, tyrannique, mégalo et se comportait comme un parrain gérant sa famille et sa petite entreprise.


L'histoire prend soin de décrire la conception de bien des tubes, adaptés et repompés de hits américains ou inspirés de sonorités pas encore connues dans l'hexagone à l'époque. L'homme y est présenté comme un ambitieux qui avait un don, celui de repérer des modes outre atlantique et de les importer pour les franciser. Une technique qui aurait du mal à fonctionner au jour d'internet et de la mondialisation immédiate de la culture. Jouer sur les décalages entre l'Amérique et nous s'avère impossible aujourd'hui en matière musicale...ce qui n'est pas le cas du côté ricain en matière de remakes de films étrangers...Le fait que les fils de Claude François aient adoubé le projet et autorisé l'utilisation de l'ensemble de la discographie est parfois un plus, parfois un handicap, certains moment semblant plutôt empiler comme des perles des refrains bien connus...


Intéressant parcours et drôle de vie que cet homme très seul, en perpétuelle soif de reconnaissance, de son père, des femmes, du public, d'une intelligentsia parisienne. Un ogre aux pieds d'argile, toujours conscient de la fragilité de sa notoriété, obsédé par l'échec, le fait de durer, le retour à la pauvreté connue par le passé. En ce sens, le film reste intéressant, que l'on ait dansé sur Alexandrie alexandra ou que l'on soit hermétique à cette machine à tube transcendant les générations. La conception de son propre mythe et le marketing qu'il développa fit de lui un précurseur.


Hélas, l'alignement chronologique des scènes et la mise en scène en elle même manque cruellement d'ambition, d'originalité. Au point que sans aller jusqu'à l'ennui, ce manque de souffle m'a plutôt porté de l'autre coté de l'atlantique, que Claude François scrutait si bien. Là bas, il existe un maitre du biopic, fatigué aujourd'hui mais qui livra "Amadeus", "Valmont", "Larry Flint" ou "Man on the moon" avec un don pour éviter justement les écueils balourds du scénario didactique, qui à force de vouloir être complet, en oublie que nous sommes au cinéma. Et un film se doit d'avoir sa propre identité, sa propre proposition, sa propre vision d'une histoire. Florient Emilio Siri est doué et efficace (Nid de guêpes et l'ennemi intime étaient pas mal) mais avouons que ses idées lumineuses pour distiller un peu de poésie, tombent à plat voire frisent le cliché digne d'un pauvre téléfilm fauché. Il aurait été plus inspiré à rester sur sa ligne de direction très académique. Car trop de classicisme tue toute possibilité de sortir des rails sans tomber dans le ridicule. En fait le film est trop raide, trop propre sur lui pour déclencher une véritable émotion. Raconter l'histoire d'un connard ça peut donner "Barry Lindon" mais ça peut aussi donner un film au final un peu chiant, un peu oubliable très vite, pas une chanson ordinaire mais un film ordinaire. En fait, j'ai finis par regarder Jérémie Renier jouer bien Claude François, sans surprises, sans attente à part la fin, qu'on connait déjà. Et soudain, l'oubli.

La piste aux Lapins :






























































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